©Olivier Papegnies / MdM
À Paris, l’association s’insurge contre le harcèlement policier à l’égard des migrants. Mais également, à l’encontre des soignants sommés de quitter les lieux pour éviter des supposés « points de fixation ».
« Nous voulons signaler cette présence des forces de l’ordre qui harcèlent les migrants aux abords du centre d’accueil de la Porte de la Chapelle, alerte Jeanine Rochefort, médecin volontaire et déléguée régionale Ile-de-France pour l’association Médecins du monde. On les réveille la nuit, on leur demande de bouger, en permanence, alors ils se déplacent avec leur petit bardas et ils s’installent dans les recoins les plus invraisemblables, avec les rats… C’est terrible. »
Désormais, même les soignants sont priés de se cacher, comme le signale un communiqué de presse publié le 31 août par l’ONG : « Le camion médicalisé de Médecins du monde a fait l’objet à plusieurs reprises d’interruptions d’activités de la part des forces de l’ordre. Nos équipes ont été contraintes de quitter les lieux afin d’éviter de créer un supposé “point de fixation” alors que nous prodiguions des soins. Notre espace d’intervention humanitaire est volontairement réduit, nous ne pouvons plus effectuer notre travail correctement. »
Médecins du monde intervient en effet à Porte de la Chapelle deux fois la semaine à partir d’un camion utilitaire aménagé pour des consultations de veille sanitaire. « Nous évaluons les situations et nous orientons vers le dispositif de soin, résume Jeanine Rochefort. Nous faisons éventuellement un pansement, administrons du paracétamol ou un anti-inflammatoire. C’est un regard médical très modeste, mais même pour cela, on vient nous mettre des bâtons dans les roues. La police est venue nous demander, en pleine permanence de nous déplacer, à notre tour. » L’ONG a stationné sa camionnette 1 km plus loin. « Mais pendant la première heure, nous n’avons accueilli personne, poursuit le médecin. Il nous a fallu battre le rappel, car les personnes ne savent plus où nous nous trouvons, nous ne sommes plus visibles. »
L’association demande donc l’arrêt immédiat de ces pratiques. Fin juin 2017, alors qu’Emmanuel Macron annonçait qu’il ne voulait « plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois » et en faisait une question de « dignité et d’efficacité », Françoise Sivignon, présidente de Médecins du monde, demandait en urgence la mise à l’abri de ces personnes vulnérables sur l’ensemble du territoire et l’élaboration d’une politique migratoire et d’intégration ambitieuse empreinte d’humanité.
Sandra Mignot