Prison : une prise en charge défaillante | Espace Infirmier
 

05/09/2017

Prison : une prise en charge défaillante

Fin août, deux détenus du centre pénitentiaire des Baumettes, à Marseille, se sont mis en grève de la faim et de la soif pendant plusieurs jours. Ils n’ont pas bénéficié, pour autant, du suivi médical exigé par leur condition. L’Observatoire international des prisons exige une enquête.

Leur action a été largement ignorée. Fin août, deux détenus du centre pénitentiaire des Baumettes, à Marseille, se mettent en grève de la faim et de la soif. Le premier, Abdel T., décide, le 22 août, de ne plus boire ou de s’alimenter pour protester contre une injustice dont il s’estime victime. Samy M., un co-détenu, décide d’imiter son geste cinq jours plus tard, « par solidarité et parce qu’il ne supportait plus ses conditions de détention », explique un communiqué de l’Observatoire international des prisons (OIP).

Or, leur situation n’a été signalée dans le système informatique pénitentiaire que le 29 août pour le premier, et sans que la procédure réglementaire soit suivie pour Samy M. L’unité sanitaire responsable n’a, elle, été informée que le 26 août du début de la grève de la faim d’Abdel T., notamment lors de son hospitalisation en urgence. C’est ensuite l’OIP qui leur a signalé l’initiative de Samy M. le 1er septembre, alors même qu’elle venait d’être interrompue…

Une procédure pourtant formelle

Le code de procédure pénale et la réglementation encadrent pourtant la prise en charge de ces situations. « Les textes prévoient que lorsqu’une personne détenue se déclare en grève de la faim et/ou de la soif ou qu’il est constaté par le personnel de surveillance un refus d’aliment, le chef d’établissement, informé de la situation, doit en faire la déclaration immédiate à l’unité sanitaire afin que soit mis en place un suivi médical », explique-t-on à l’OIP. Une procédure qui permet de s’assurer que la démarche de la personne est volontaire, qu’elle en connaît les risques et que son suivi médical est assuré par l’équipe médicale. Celle-ci réalise ensuite les examens cliniques, avec le consentement du patient, mais intervient sans son accord si celui-ci sombre dans l’inconscience.

« Si Abdel T. avait été correctement suivi, peut-être qu’il n’aurait pas été hospitalisé le 25 août, suite à un malaise », note Amid Khallouf, coordinateur sud-est de la section française de l’OIP. La grève de la soif est, en effet, un geste rapidement suivi de conséquences vitales. Car dès 24 heures, le corps subit les effets de la déshydratation et il est difficile de survivre au-delà de 72 heures sans eau.

« Ce qui s’est produit est un manquement grave de la part du personnel de surveillance ou de l’administration pénitentiaire. Nous attendons encore des informations », observe Amid Khallouf. L’OIP a donc exigé qu’une enquête soit menée dans les plus brefs délais sur les circonstances de ces évènements. À ce jour, Abdel T. poursuit son mouvement de protestation.

Sandra Mignot

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