05/09/2017

VIH/hépatites : la fronde des thanatopracteurs

Dans une lettre ouverte, une vingtaine d’associations de lutte contre le sida et les hépatites se dressent contre la pétition du Syndicat professionnel de thanatopracteurs indépendants et salariés (SPTIS) qui dénonce la fin de l'interdiction des soins funéraires pour les défunts porteurs du VIH et/ou d'une hépatite.

On croyait la cause entendue et ce combat des associations de lutte contre le sida et les hépatites enfin gagné. Un arrêté, paru au Journal officiel du 20 juillet, a en effet abrogé l’interdiction des soins funéraires pour les défunts porteurs du VIH et/ou d’une hépatite virale, pour une entrée en vigueur le 1er janvier 2018. Mais c’était sans compter l’opposition surprise du Syndicat professionnel des thanatopracteurs indépendants et salariés (SPTIS) qui a lancé une pétition en ligne dénonçant la fin de cette interdiction, qui a d’ailleurs déjà été signée par un peu plus de 500 personnes. Les thanatopracteurs estiment que « le risque de piqûre ou coupure est réel, malgré le port des équipements de protection individuelle recommandés ». Mais soulignent, néanmoins, qu'ils acceptent de pratiquer les toilettes mortuaires, à l’exception des actes invasifs de conservation, « et qui permettent de se recueillir dans les mêmes circonstances auprès du défunt ». Une pétition qui a choqué les associations de lutte contre le sida et les hépatites, qui, dans une lettre ouverte, rappellent les concertations qui se sont tenues.

Fruit d’une longue concertation

La levée de cette interdiction avait effectivement été précédée de mesures de renforcement de la sécurité des thanatopracteurs (obligation de vaccination contre l’hépatite B, définition stricte des conditions de réalisation de soins, etc.) ainsi que d’une série de rapports (du Conseil national du sida et des hépatites virales, du Haut Conseil de santé publique, du Défenseur des droits, de l'Inspection générale des affaires sociales, etc.). « Personne n’a été pris de court. Il y a une très longue concertation, depuis plus de dix ans qu’a duré cette mobilisation, et toutes les sociétés savantes ont donné leur accord, souligne Christian Andreo, directeur général adjoint de l’association Aides. Cette pétition nous a un peu étonnés car, une fois la loi passée, on ne pensait plus devoir affronter de mobilisation aussi radicale, tout aussi marginale qu’elle puisse être par ailleurs ». Car d’autres organisations professionnelles ont apporté leur soutien aux associations. « Cette pétition dénote des représentations stigmatisantes et complètement obsolètes allant à l’encontre du rationnel scientifique, ajoute Christian Andreo. On soigne les vivants porteurs du VIH et on ne pourrait pas faire de soins de conservation aux défunts, c’est absurde ! ». Les protocoles, notamment en cas d’accidents d’exposition au sang prévus pour les professionnels de santé, le sont également pour les thanatopracteurs.

Véronique Hunsinger

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