© Sandra Mignot
Réunis ce 8 septembre devant l’Assemblée nationale pour témoigner des sérieux effets secondaires de la nouvelle composition du Levothyrox, des patients demandent le retour de l’ancienne formule du médicament.
Une cinquantaine de patients sous traitement à la levothyroxine et leurs soutiens ont manifesté ce 8 septembre devant l’Assemblée nationale. Depuis qu’ils ont réalisé que leurs nouveaux symptômes (vertiges, perte de cheveux, tachycardie, insomnie, troubles intestinaux, etc.) sont liés à la modification de la formule du médicament qu’ils consomment tous les jours, ils ne décolèrent pas. « Nous sommes des cobayes. Cette formule a été retirée du marché dans d’autres pays européens. Nous voulons le retour de l’ancienne formule, et qu’on cesse de minorer les effets secondaires que nous ressentons »,explique Marie.
En effet, les patients et l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) n’ont pas apprécié l’intervention de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, jeudi dernier, qui qualifiait le problème de crise d’information. Et ont décidé de se mobiliser avant le rendez-vous prévu en fin d’après-midi entre l’association et les représentants du ministère. « Nous demandons la libération immédiate des stocks de Levothyrox, constitués par les industriels en prévision d’un accident nucléaire, ainsi que l’ouverture du marché français aux autres formules disponibles sur le marché européen », résume Chantal Lhoir, présidente de l’AFMT. Car la France s’avère être le seul pays, où un seul produit est proposé à la vente – le générique ayant été retiré du marché, il y a quatre ans. Tandis que la formule modifiée en mars est toujours disponible en Italie, en Espagne ou en Allemagne. Et déjà, des patients témoignent avoir acheté le médicament au Maroc ou en Tunisie, où il serait vendu sans ordonnance…
La présidente de l’Association française des malades de la thyroïde ne cache pas non plus qu’elle envisage de demander la démission de Dominique Martin, directeur de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). « Il y a une responsabilité de cette agence, qui a demandé aux laboratoires Merck de modifier la formule de ce médicament, explique Philippe Even, médecin retraité et auteur de différents ouvrages sur les médicaments. Il existait certes des effets secondaires, mais ils sont désormais beaucoup plus fréquents. Et nous ne comprenons pas pourquoi une telle exigence a été formulée. »
Michelle Rivasi, députée européenne qui soutient l’action de l’AFMT, a attiré l’attention sur les dysfonctionnements du système d’alerte national de pharmacovigilance : « Il a fallu attendre trois mois pour qu’un numéro vert soit créé à l’intention des patients utilisateurs, ceux-ci n’ont jamais été prévenus des risques. Tandis que les médecins et pharmaciens, qui ont été informés de la modification de formule, n’ont pas été renseignés sur les potentiels effets secondaires. »
L’Association a, par ailleurs, annoncé qu’elle déposerait une plainte contre X la semaine prochaine pour mise en danger de la vie d’autrui, atteinte à l’intégrité physique et tromperie aggravée. Elle va également lancer sa propre investigation sur le contenu du médicament. « Nous voulons savoir s’il n’y a pas autre chose qui a été modifié, outre l’ajout du mannitol et de l’acide citrique pour générer de tels effets secondaires », précise Michelle Rivasi.
Sandra Mignot