Avortement

28/09/2017

L'IVG, toujours une lutte

À l'occasion de la Journée mondiale du droit à l'avortement, qui avait lieu ce jeudi 28 septembre, un collectif a déposé une pétition au Parlement européen.

Le collectif européen « Avortement : les femmes décident ! » se mobilise pour l’intégration de l’accès à l’IVG dans les droits humains fondamentaux. Via une pétition, les organisations membres, issues de vingt-cinq pays, réaffirment huit points indispensables à cette évolution.

Parmi ceux-ci, le déploiement de campagnes d’information et de séances d’éducation à la vie sexuelle tous publics, l’intégration de la formation aux techniques d’avortement et à l’accompagnement des patientes dans la formation initiale des professions de santé, l’harmonisation des délais légaux pour interrompre une grossesse en se calant sur les pays européens les plus progressistes ainsi que la dépénalisation totale de l’avortement.

Des limitations même en Europe

En Europe, il faut rappeler que l’acte demeure strictement interdit sur l’île de Malte. En Irlande ou à Chypre, il n’est possible que lorsque la vie de la mère est mise en danger par la grossesse. En Pologne, après avoir été autorisé durant plus de quarante ans, il a de nouveau été limité aux situations résultant de viol, d'inceste ou aux cas d’anomalie du fœtus et de risques pour la santé à partir de 1997.

Quant à l’Espagne, un projet de loi restreignant l’accès à l’IVG a été présenté en 2013. « Lorsque des forces réactionnaires reviennent au pouvoir, l’accès peut être très rapidement remis en cause », observe Nora Tenenbaum, médecin et présidente de la Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception (Cadac), membre du collectif.

Parmi les revendications du collectif figure également l’attribution de moyens financiers nécessaires aux centres et établissements pratiquant l’interruption volontaire de grossesse, pour que la procédure soit réellement accessible à toutes les femmes. « Sur ce point, la France est particulièrement concernée, dans la mesure où les deux tiers des maternités ont disparu depuis 1970 », souligne Nora Tenenbaum.

Clause de conscience ?

Enfin, le collectif demande que la clause de conscience qui concerne spécifiquement l’IVG soit supprimée. Une proposition formulée par le Haut conseil à l’égalité entre femmes et hommes en début d’année 2017. Les professionnels de santé, via leur code de déontologie, disposent en effet déjà de la possibilité de ne pas réaliser un geste auquel ils s’opposeraient pour des raisons personnelles ou professionnelles. « Pourquoi conserver un article concernant spécifiquement l’IVG ?, interroge Nora Tenenbaum. En France, il n’y a pas trop de problème sur ce sujet : les médecins qui ne veulent pas faire d’IVG orientent correctement. Dans d’autre pays, comme en Italie, en revanche, où 80 % des médecins refusent, c’est plus problématique. »

Sandra Mignot

45 % des avortements réalisés dans le monde sont non sécurisés

25 millions d’avortements ont été pratiqués, chaque année entre 2010 et 2014, dans un cadre non sécurisé, sur un total de 55,7 millions, soit 45 % de l’ensemble des avortements réalisés. Ce chiffre alarmant est issu d’une nouvelle étude de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Institut Guttmacher, publiée ce jeudi 28 septembre, dans la revue The Lancet. La majorité des avortements non sécurisés, soit 97 %, ont été pratiqués dans les pays en développement en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

Cette nouvelle étude fait la distinction entre deux sous-catégories parmi les avortements non sécurisés : les avortements « moins sécurisés » ou « les moins sûrs ». Près d’un tiers (31 %) des avortements étaient « moins sécurisés », c’est-à-dire pratiqués par un soignant qualifié utilisant une méthode à risque ou dépassée (dilatation et curetage), soit par une personne non qualifiée même si celle-ci avait recours à une méthode sûre. Environ 14 % représentaient les avortements « les moins sûrs », pratiqués par des personnes non qualifiées à l’aide de méthodes dangereuses.

Dans les pays développés, 87,5 % des avortements sont considérés comme « sûrs ». À noter toutefois qu’en Europe de l'Est, la proportion des avortements considérés comme pas suffisamment sûrs est plus élevée qu'en Europe de l'Ouest (14,2 % contre 6,5 %), « sans doute en raison de la persistance de pratiques médicales datées comme le curetage ».

Enfin, la proportion d’avortements non sécurisés est plus élevée dans les pays où les législations sont les plus restrictives.

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