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Une enquête Ifop sur le rôle des aidants familiaux a été rendue publique mardi 3 octobre, quelques jours avant la Journée des aidants célébrée aujourd’hui, vendredi 6 octobre. Devenir un proche aidant inquiète la majorité des Français, qui souhaitent un soutien professionnel et financier.
Onze millions de personnes en France aident des personnes en situation de dépendance. Le nombre d’aidants familiaux (7 millions) et d’aidants professionnels est en constante augmentation du fait du vieillissement de la population et de la hausse des maladies chroniques. L’enquête Ifop menée pour Adhap services, spécialiste de l’aide à domicile, révèle que 82 % des Français sont inquiets à l’idée de devenir aidant familial et ils sont 58 % à déplorer que le sujet ne fasse pas partie des priorités des pouvoirs publics. 62 % des aidants assument ce rôle par devoir familial. Mais ils sont 68 % à considérer que les professionnels de l’aide à domicile sont les plus légitimes pour intervenir.
« Nous ne sommes pas ici dans une logique d’opposition mais bien dans une logique de complémentarité », a précisé Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop, lors de la présentation des résultats, le 3 octobre. 54 % des aidants confient également que leur rôle d’aidant a un impact négatif sur leur vie quotidienne, notamment d’un point de vue organisationnel. Pour 48 %, cela a un impact sur leur vie sociale, pour 45 % sur leur vie professionnelle, et pour 42 % sur leur situation financière. Aussi, ils sont 66 % à réclamer de l’aide « humaine » pour mieux assumer leur mission et 58 % une aide financière. Enfin, 88 % des Français estiment nécessaire la création d’un statut officiel pour les aidants familiaux.
Des résultats à rapprocher d’une autre étude portant sur l’aide aux salariés aidants, publiée début octobre par la fondation Médéric Alzheimer, « Agir pour les salariés-aidants », et qui pointe les difficultés rencontrées par ces derniers, représentant 18 % des salariés du privé : les deux tiers déclarent que cette situation a un impact sur leur vie professionnelle (plus de stress, retards dans le travail, absentéisme …). Or, 39 % ignorent l’existence des congés prévus dans le code du travail tels que le congé de solidarité familiale, le congé de proche aidant…
« Ce qui frappe, c’est l’inquiétude des Français face à cette situation de devenir aidant familial », a souligné Damien Carcaret, président d’Adhap services et du Synerpa domicile, syndicat des entreprises d’aide et de maintien à domicile. Le rôle des aidants est primordial vis-à-vis de leur proche « mais ils prennent en charge des tâches de plus en plus lourdes et de plus en plus longtemps », a-t-il rappelé. Il faut, selon lui, faire en sorte que les proches aidants et les professionnels forment un binôme.
Néanmoins, « aujourd’hui, nous avons des difficultés à avoir des professionnels qui intègrent le secteur et à les fidéliser », a reconnu Damien Carcaret. Y parvenir implique de créer de vraies filières et des parcours d’accompagnement dans la durée. Florence Leduc, présidente de l’Association française des aidants, plaide aussi pour la mise en place de formations spécialisées à offrir aux intervenants professionnels sur le handicap, sur la maladie d’Alzheimer, « car les personnes aidées sont dans des situations très lourdes ». Sans ces formations, « difficile de faire en sorte que les aidants aient confiance dans l’intervention des professionnels ».
Laure Martin