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Dans le cortège qui a défilé aujourd’hui à Paris, contre le gel du point d’indice, le retour annoncé du jour de carence ou encore la dégradation des conditions de travail, les soignants et agents de la fonction publique hospitalière ont su marquer leur présence.
« Nous sommes très heureux de cette mobilisation, explique Rose-May Rousseau. Nous devons encore la faire progresser car il n’y a que le rapport de force qui permettra de faire face à ce gouvernement qui ne fait que prendre aux pauvres pour donner aux riches. » Et d’alerter sur le PLFSS 2018 qui prévoit quelque 4,2 milliards d’économies dans le budget de l’assurance maladie. « Cela va se traduire par de nouvelles fermetures de lits et d’établissements, ainsi que par des suppressions de postes, alors que la charge de travail est déjà monstrueuse et débouche sur une incroyable souffrance au travail des soignants et hospitaliers », explique dans un communiqué le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC).
Dans le cortège, Luis, infirmier en psychiatrie à l’hôpital Sainte-Anne acquiesce : « Nous n’en pouvons plus des efforts que l’on nous impose. La fonction publique a cette image de huit agents pour faire le travail de quatre, mais c’est désormais l’inverse : nous sommes quatre pour faire le travail de huit, ce n’est plus possible. » Sur le parcours de la manifestation, l’association des personnels hospitaliers de Paris (l’AP-HP) a installé un stand pour inciter les manifestants à signer une lettre ouverte à l’intention de Martin Hirsch, contre la mise en application du protocole d’accord relatif à l’organisation du temps de travail.
Le Syndicat national des Ibode (Snibo) avait également appelé à la mobilisation. « Les conditions de travail sont toujours déplorables et le personnel soignant soumis à des amplitudes horaires pour garantir la continuité des soins trop souvent hors droit du travail, souligne le syndicat dans un communiqué. Ces dérives horaires se cumulent avec des astreintes et des gardes qui peuvent générer des journées de travail de vingt-quatre heures d'affilées. Le patient pris en charge dans la 24e heure a-t-il la même sécurisation des soins que le patient de la première heure ? »
Une délégation de soignants originaires de l’Outre-mer tenait également à s’afficher. « Nos droits sont bafoués, explique Christian. Lorsque nous voulons bénéficier de nos congés bonifiés (un congé de deux mois d’affilée tous les trois ans permettant de partir dans le département d’origine), de fait on cherche à limiter nos possibilités, en arguant que nous avons nos enfants et nos centres d’intérêts ici. Cela dérange les DRH que nous partions, nous coûtons trop cher, alors on tente de rogner sur nos droits. » Ces professionnels avaient d’ailleurs préalablement été reçus par le ministère de l’Economie et des finances pour transmettre leurs revendications.
Du côté des organisations professionnelles, le SNIA et la Coordination nationale infirmière avaient également appelé à rejoindre le mouvement.
Au final, environ 400 000 agents publics ont pris part aux cortèges (209 000 selon le ministère de l'Intérieur), dont 45 000 à Paris (26 000 selon la police) après l’appel des neuf fédérations syndicales de la fonction publique.
Sandra Mignot