Monique Rothan-Tondeur, Dominique Letourneau, Agnès Buzyn, Jean-Manuel Morvillers, Bruno Garrigue, Claire Line, et des membres du jury. © Isabel Soubelet
La Fondation de l’avenir et la chaire recherches sciences infirmières ont attribué, jeudi 12 octobre, en présence d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, un prix destiné à faire connaître et reconnaître la recherche infirmière et paramédicale française. Une grande première !
« L’objectif de ce prix est de valoriser, transmettre, impliquer et encourager, bien sûr, les professionnels, précise Monique Rothan-Tondeur, professeur et responsable de la chaire recherche sciences infirmières (laboratoires éducations et pratiques de santé-université Paris XIII). Mais surtout de montrer que les infirmiers peuvent être des chercheurs à part entière. » Un domaine encore mal connu et peu reconnu en France, contrairement aux États-Unis et au Canada. « Nous assistons à une véritable évolution du champ de la recherche infirmière, qui est davantage sur la dimension globale de la prise en charge, souligne Dominique Letourneau, président du directoire de la Fondation de l’avenir et ancien infirmier en secteur psychiatrique. Elle inclut bien sûr le médical mais tient compte de l’accompagnement psychologique, s’intéresse à la dimension socio-éducative et à l’éducation thérapeutique. C’est vraiment là que peut se situer la recherche paramédicale et qu’elle fait œuvre utile. »
Après examen d’une petite vingtaine de dossiers selon des critères exigeants (thématique d’utilité pour la profession, publication dans des revues internationales, obtention de financements…), trois à quatre candidats ont été retenus par catégorie. Le prix a été décerné dans la catégorie « chercheur confirmé » à Jean-Manuel Morvillers, infirmer, docteur en sciences de l’éducation, cadre supérieur de santé à l’hôpital Maison-Blanche et responsable de l’enseignement du DU infirmier praticien en psychiatrie et santé mentale. Après des années de réflexion sur l’exercice infirmier en milieu psychiatrique à travers les notions du care, du caring et du cure, il travaille aujourd’hui sur le concept d’implication(1)
Le prix dans la catégorie « jeune chercheur » a été attribué à Claire Line, cadre formateur à l’institut de formation en soins infirmiers Théodore-Simon, à Neuilly-sur-Marne, et infirmière de 2010 à 2016 à la maison des adolescents Maison de Solenn. Ses travaux de recherche portent sur l’accompagnement des adolescents souffrant de troubles du comportement alimentaire, et plus spécifiquement sur la question de la réappropriation de leur corps par les adolescentes obèses.
Le prix de la « meilleure publication scientifique » revient à Bruno Garrigue, infirmier anesthésiste, cadre de santé Samu/Smur/Cesu 91 au centre hospitalier sud francilien, pour sa recherche sur la préparation des seringues électriques, afin d’évaluer si la façon de diluer un médicament dans un solvant et le fait d’agiter la seringue influent sur la concentration du médicament dans le solvant. L’étude a porté sur la préparation de trois médicaments : Noradrénaline, Insuline, Ropivacine/Sufentanyl. Un travail qui a donné lieu à une publication dans Critical Care Nurse (2). Les trois lauréats ont respectivement reçu un chèque de 3500, 1500 et 1000 euros.
Isabel Soubelet
1. L’impact de l’implication, Jean-Manuel Morvillers, Michel Lobrot (2013, éd. Deboeck-Estem).
2. À consulter ici : http://ccn.aacnjournals.org/content/36/4/36.full.pdf