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Un accord « historique » vient d’être signé par les conseils de l’Ordre des infirmiers et des médecins espagnols. Désormais, les infirmières peuvent prescrire tous les médicaments qui ne nécessitent pas de diagnostic ou de prescription individualisée.
Le conflit dure depuis onze ans entre les syndicats des médecins et les représentants des infirmiers, qui réclament, depuis 2006, le droit de prescrire certains médicaments comme les vaccins ou les antibiotiques en prévention d’une opération chirurgicale ou de l’insuline pour les diabétiques. D’autant que dans les faits, les infirmières passaient déjà régulièrement outre un protocole imposant un diagnostic réalisé par le médecin et un suivi médical de chaque patient, « ce qui était impossible d'un point de vue opérationnel », explique José Luis Cobos, représentant le Conseil général d’infirmerie (équivalent de l’Ordre infirmier).
Il y a quelques mois, ce même Conseil et le syndicat d’infirmerie ont tapé du poing sur la table en menaçant d’appliquer à la lettre la législation espagnole dans le cadre des plans de vaccination. Ainsi, à quelques jours du début de la campagne vaccinale contre la grippe, Dolors Montserrat, la ministre de la Santé, est parvenue à déloquer la situation en forçant un accord, paraphé le 24 octobre dernier par le ministère de la Santé, les communautés autonomes, les mutualités de fonctionnaires, le ministère de la Défense, ainsi que les conseils de l’Ordre des infirmiers et des médecins. Avec à la clé, un décret qui sera signé dans les prochains jours pour autoriser les infirmières à prescrire tous les médicaments qui ne nécessitent pas de diagnostic ou de prescription individualisée. Un accord qui ne comprend pas de formation complémentaire des infirmiers.
Bien qu’il s’agisse d'un accord « historique », comme l’a rappelé la ministre de la Santé, « nous devrons continuer à négocier », prévient José Luis Cobos. Concrètement, il s'agit d'établir la liste exhaustive des médicaments pouvant être prescrits. Car si certaines prescriptions sont désormais indiscutables (c’est le cas des vaccins ou de l'héparine), d'autres anticoagulants, tels que le sintrom, ou le traitement des ulcères feront l'objet de discussions au sein du Forum des professions sanitaires, qui regroupe tous les acteurs de la santé du pays.
Francis Matéo