03/11/2017

Tiers payant : lourdeur administrative ou acquis ?

Quelle pratique du tiers payant chez les infirmiers libéraux ? Trois d’entre eux témoignent : s’ils sont satisfaits de son fonctionnement avec la Sécurité sociale, ils sont découragés par les nombreuses difficultés avec les complémentaires.

« Je suis bien contente que le tiers payant ne soit pas généralisé. C’est une lourdeur administrative qui épuise les professionnels de santé », se félicite Sandrine Massoc, infirmière libérale dans le Tarn. « C’est énergivore : je dois y consacrer une journée par semaine, et j’ai toujours autant d’impayés », renchérit Patrick Biancolli qui exerce, lui, en Haute-Savoie. « Le tiers payant s’est imposée à nous, nuance Catherine Kirnidis, présidente du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), installée à Avignon. C’est un acquis qui nous permet de limiter les impayés. Nous avons beaucoup de patients chroniques, nous pratiquons des actes tous les jours, souvent plusieurs fois par jour. À la fin de la semaine, quand nous facturons, cela représente des sommes importantes. » Loin d’être contradictoires, ces trois témoignages évoquent deux sujets très différents, et d’ailleurs souvent confondus : le tiers payant avec la Sécurité sociale, et celui avec les complémentaires.

La généralisation du tiers payant a été supprimée à l’occasion du Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Celui-ci est pourtant presque généralisé chez les infirmiers : 92,4 % le pratiquent seulement avec la Sécurité sociale, 75,5 % également avec les complémentaires, selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) rendu en octobre à la ministre de la Santé. Parmi les professionnels de santé, seuls les pharmacies et les laboratoires font mieux.

La part complémentaire à la traîne

Selon l’Igas, le tiers payant sur la part Sécurité sociale est « rapide, fiable et simple » grâce à la carte vitale, mais présente des « freins techniques » sur la part complémentaire. Nos trois infirmiers libéraux confirment. « Sur la part Sécu, cela marche vraiment bien. Tout est dématérialisé, on est payés en moins de 5 jours », se félicite Catherine Kirnidis. « Il y a parfois quelques petites erreurs, mais peu dommageables », reconnaît Patrick Biancolli. Mais pour l’infirmier, « la situation est catastrophique avec les complémentaires, il n’y a eu aucune amélioration. Il faut se conventionner avec chacune d’elles. Au moindre problème, on n’est pas remboursés. Je dois consacrer une journée de travail par semaine à suivre les remboursements. Je fais même travailler une société pour gérer mes impayés, cela me coûte 80 euros par mois. »

Sandrine Massoc admet que « le regroupement des mutuelles facilite un peu la tâche. Aujourd’hui, je pratique le tiers payant uniquement avec les grosses mutuelles ou les gros regroupements, et les patients que je connais bien. Sinon, je refuse. Je considère aussi que cela déresponsabilise les gens. ». Patrick Biancolli, qui pratiquait largement le tiers payant intégral, a, quant à lui, décidé de faire machine arrière : « Je vais expliquer à mes patients que le système fonctionne trop mal ».

Caroline Coq-Chodorge

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