Grève à Bastia : les personnels voient rouge

« Nous bloquons actuellement les directeurs de l‘hôpital et de l’ARS, jusqu’à ce qu’ils se mettent en contact avec le ministère de la Santé, et obtiennent des réponses, résume Chantal Risticoni, cadre de santé en rééducation au centre hospitalier de Bastia et élue CGT au comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Nous avons également coupé l’électricité du bâtiment administratif et débranché les claviers des postes informatiques des secrétaires médicales. Il y a trop longtemps que la situation se détériore, ce n’est plus possible. » Nous avons tenté de joindre le représentant de la direction de l’établissement, mais sans succès. De son côté, le service de presse de l’ARS Corse indique que les négociations avec les personnels sont « difficiles mais toujours en cours ».

À situation désespérée, action désespérée

Voilà deux ans que les représentants syndicaux de l’établissement alertent sur la vétusté des locaux, l’endettement de l’établissement, des thérapies annulées faute de médicaments disponibles ou de manque de matériel. « Trois blocs ont dû être fermés cet été, en raison de leur délabrement, poursuit l’élue syndicale. Ce matin (NDLR, 6 novembre), un de nos services ne disposait même plus de scalpel. Et le Samu ne pouvait plus être joint. Alors à situation désespérée, action désespérée. » L’établissement serait en déficit cumulé de quelque 50 millions d’euros dont 29 millions d’euros de dettes.

Depuis le 29 octobre, six personnels de l’établissement se sont engagés dans une grève de la faim qui se poursuit actuellement, et ce, tout en conservant leur activité. « Nous demandons la prise en charge par l’État à 100 % des travaux de mise aux normes de l’établissement, poursuit Chantal Risticoni, et 15 millions d’euros de trésorerie pour pouvoir régler une partie de nos fournisseurs. » Lors de sa visite du centre hospitalier le 17 août dernier, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, avait rencontré les représentants syndicaux, ainsi que la direction et l’ARS. « Depuis nous n’avons reçu aucune réponse », observe Chantal Risticoni.

Le 31 octobre, l’ARS Corse a néanmoins confirmé avoir obtenu le versement accéléré d’une subvention de 3 millions d’euros pour la rénovation immobilière de l’établissement, ainsi qu’une enveloppe de 200 000 € sur le fonds d’intervention régional (FIR) destinée au renouvellement d’équipements médicaux, ainsi qu’un « complément de crédits de trésorerie qui sera nécessaire en fin d’exercice ». L’agence a également affirmé que le chantier de reconstruction des blocs opératoires (à hauteur de 11 M€) démarrerait en décembre 2017.

Sandra Mignot