D’après un rapport récent de l’OCDE, le salaire et le pouvoir d’achat des infirmières françaises sont en dessous de la moyenne des pays industrialisés.
En termes de niveau de salaire, les hospitalières françaises sont rémunérées 5 % de moins que le salaire moyen national, ce qui place le pays en… 26e position sur 29. Seules la Finlande, la Hongrie et la Lettonie font pire… C’est ce que révèle le Panorama sur la santé, publié le 10 novembre par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Des écarts de 1 à 5 entre les pays
Dans la plupart des pays de l’OCDE, la rémunération de la profession est généralement au-dessus du salaire moyen. Au Mexique et au Chili, les IDE bénéficient cependant du double du salaire moyen, tandis qu’en Israël, elles perçoivent 49 % de plus, au Luxembourg 38 % de plus et en Espagne 28 % de plus. Depuis la crise financière de 2008, de nombreux pays ont revalorisé la rémunération de leurs infirmières afin d’éviter leur expatriation (République tchèque, Hongrie…). Mais d’autres les ont au contraire diminués, afin d’absorber les diminutions budgétaires.
Le classement est néanmoins moins dramatique pour les infirmières françaises si la rémunération est rapportée au pouvoir d’achat qu’elle autorise. La France se classe alors en 18e position (contre la 20e dans le rapport de 2013), mais toujours en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE. La rémunération des consœurs luxembourgeoises caracole en tête, où elle est cinq fois supérieure à celle du dernier de la classe, la Lettonie, et représente plus du double de la France. Les chiffres se fondent sur des salaires bruts en 2015, avant prélèvements sociaux et impôts et n’incluent pas les primes de nuit, jours fériés, etc.
Pas de revalorisation à espérer
« Nous ne sommes malheureusement pas surpris par ce résultat, regrette Nathalie Depoire, présidente de Convergence nationale infirmière. Nous avions des données équivalentes pour soutenir notre plateforme revendicative l’année dernière et nous n’avons pas été entendus. » Comment, en effet, obtenir une revalorisation quand le projet de loi de financement de la Sécurité sociale affiche un objectif d’économies de 4,2 milliards ?
« Ce classement est le reflet de ce que les institutionnels pensent de la profession, insiste Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI CFE-CGC. Même notre passage en catégorie A, c’est du A « moins que rien », bien moins rémunéré que dans la fonction publique d’État. Nous allons bien sûr utiliser ces chiffres dans nos négociations à venir, mais il est difficile de discuter avec des sourds. »
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s’est félicitée de la « haute qualité des soins dans notre pays », d’une « démographie médicale dans la moyenne de l’OCDE et d’un nombre de lits d’hôpital nettement supérieur ». Dans un communiqué concernant ce rapport, elle a attiré l’attention sur un certain nombre d’enjeux de santé publique sur lesquels des progrès devront être réalisés : tabagisme, consommation excessive d’antibiotiques (et d’alcool), vaccination insuffisante des enfants… Mais pas un mot sur la rémunération des soignants.
Sandra Mignot