27/11/2017

Infirmière de nuit : les astreintes en Ehpad, non merci !

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) prévoit que des infirmières d’astreinte aient la responsabilité de plusieurs Ehpad la nuit. Mais les professionnels doutent du bien-fondé de cette mesure qui devrait concerner 2 000 établissements selon la ministre des Solidarités et de la Santé.

Que se passe-t-il quand, à deux heures du matin, dans un Ehpad, un résident se trouve mal ? La plupart du temps, l’aide-soignante de garde appelle les urgences et une hospitalisation se met en place… Un schéma qui aurait pu être évité si une infirmière avait pu se rendre sur place. Tel est du moins le raisonnement des rédacteurs du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Ceux-ci ont, en effet, prévu de financer un mécanisme d’astreinte permettant à une infirmière itinérante de prendre en charge les résidents de plusieurs Ehpad la nuit. Des expérimentations sont déjà en cours en ce sens sur le territoire, mais le législateur souhaite les élargir avec un budget de 10 millions d’euros.

« Ce n’est pas une solution que nous privilégions », explique Blandine Delfosse, présidente de la Fédération française des infirmières diplômées d’État coordinatrices (FFIdec), qui estime que, de nuit, les infirmières ne pourront effectuer que des actes « très isolés, qui peuvent être gérés de jour, comme de dispenser de la morphine ». Mais surtout, elle ne voit pas comment les choses pourraient s’organiser sur le terrain…

Des AS et des médecins plutôt que des IDE

Pour Blandine Delfosse, les créneaux horaires critiques sont très concentrés et portent notamment sur le début de nuit : certains résidents veulent se coucher seuls, ce qui multiplie le risque de chute. « Comment fera-t-on s’il y a deux urgences au même moment ? », se demande-t-elle. Celle-ci estime donc qu’au lieu du mécanisme d’astreinte envisagé, il serait plus bénéfique d’augmenter les effectifs d’aides-soignantes, tout à fait aptes, selon elle, à gérer les urgences.

Les médecins n’en sont pas plus satisfaits. Pour le Dr Renaud Marin la Meslée, président du Syndicat national des généralistes intervenant en Ehpad (SNGIE), l’expérimentation prévue dans le PLFSS ne va pas dans le bon sens. Pour éviter les hospitalisations inutiles, il vaudrait mieux, selon lui, mettre les moyens disponibles sur la permanence des soins (PDS), qui permet aux praticiens libéraux de se rendre dans les Ehpad en cas d’urgence. « Quand les résidents sont vus par le médecin, ils sont moins hospitalisés », assure ce généraliste.

Reste que l’expérimentation étant prévue, mieux vaut la laisser se dérouler. « On verra bien les résultats », philosophe Blandine Delfosse.

Adrien Renaud

Les dernières réactions

  • 29/11/2017 à 18:37
    Alsete
    alerter
    Pour avoir rédigé un mémoire sur la mutualisation de moyens entre EHPAD, j'ai rencontré des IDEC et IDE qui étaient tout à fait favorables aux astreintes d'IDE de nuit, mais c'était dans le cadre de la mutualisation de moyens entre EHPAD, donc d'un dispos
  • 29/11/2017 à 18:49
    Alsete
    alerter
    En partant de ce que j'ai vu mis en œuvre, j'ajouterai qu'en pratique, pour qu'un(e) IDE d'astreinte puisse intervenir sur un autre établissement que le sien, il faut :
    - 1 convention inter-étblissement
    - des protocoles de soins communs
    - un accès à di
  • 29/11/2017 à 19:15
    Marcaline
    alerter
    Je suis infirmière mobile de nuit en EHPAD. Après 4ans d'expérimentation en Île de France des budgets viennent d'être débloqués pour la continuité de ce service. Nous sommes 3 infirmières et nous allons dans trois EHPAD. Les chiffres montrent un bénéfice
  • 08/12/2017 à 21:24
    Amandine
    alerter
    Bonjour,
    Nous sommes en train de déployer l'astreinte mutualisée sur plusieurs Ehpad du secteur et je cherche des Ide qui effectuent cette fonction pour mieux comprendre leur rôle et dans quelle situation elles interviennent ou Non.
    Merci pour vos Répo
  • 07/06/2018 à 15:45
    Yves
    alerter
    Bonjour,
    je suis moi même médecin coordonnateur de 5 établissements ehpad en Haute Loire qui bénéficient d'une astreinte IDE la nuit depuis maintenant 4 ans. Nous n'avons pas de GCSMS officiel. Nous travaillons ensemble pour harmoniser nos pratiques, … et ça marche ! Nous avons eu l'accord de l'ARS, et ça ne nous coute que 25 000 euros par an, alors qu'un poste IDE de en couterait 4 fois plus! Dans tous nos établissements, les taux d'hospitalisation, de jour comme de nuit, ont chuté (faut pas non plus rêver, ce taux ne peut pas être nul). Je pense personnellement qu'il n'y a que des avantages à pratiquer l'astreinte IDE de nuit en mutualisant plusieurs ehpad. Ca rassure aussi les équipes de jour, notamment en ce qui concerne les soins palliatifs. Nous aurions plus l'utilité d'augmenter les postes à temps plein la journée.

    Le rôle d'IDE d'astreinte est aussi bien interventionnel (faire une injection à condition qu'elle soit prescrite par exemple) que clinique. Son approche lui permettra à son tour de déclencher ou non l'intervention du médecin de garde ou du SAMU. Il n'y a pas lieu à faire de dépassement de compétence. Pour leur faciliter la tache, nous avons mis en place des procédures destinées à les guider dans leurs decisions

À découvrir

Toutes nos formations pour les professionnels de santé.

- Gestes & soins d'urgence
- Douleurs
- Management
- Droit & éthique
- SST
- Santé mentale & handicap


Télécharger le catalogue
Feuilleter le catalogue