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Alors que les décrets sur les infirmières de pratiques avancées sont toujours en attente, la crainte d’un texte manquant d’ambitions se fait jour.
« Ce qui nous a été présenté le 15 novembre concernant le décret d’application sur les pratiques avancées est beaucoup trop médico-centré », résume Didier Borniche, président du Conseil national de l’Ordre national des infirmiers (CNOI). Difficile d’en savoir plus auprès du Collège des infirmiers, seule autre organisation infirmière siégeant au comité de pilotage interministériel sur la pratique avancée, qui n’a pas répondu à nos sollicitations. La Direction générale de l’offre de soins (DGOS) reste également silencieuse. « Nous avons fait savoir au ministère que cette première mouture n’était pas conforme à l’idée que nous portons de la pratique avancée et devrions être prochainement reçus par le cabinet d’Agnès Buzyn, ajoute Didier Borniche. Nous devons également faire part de nos observations à la DGOS. »
Alors que les pratiques avancées figurent dans la loi de modernisation de notre système de santé promulguée en janvier 2016, les décrets sont toujours en attente. Lors des rencontres de cancérologie, les 21 et 22 novembre dernier, Michel Varroud Vial, conseiller médical soins primaires et professions libérales à la DGOS, annonçait des textes pour le mois de juin prochain, alors que le 25 octobre, répondant aux questions au gouvernement de l’Assemblée nationale, Agnès Buzyn annonçait, elle, un lancement des formations pour la rentrée 2018. « Ce n’est pas possible, observe Didier Borniche. Aucun diplôme ne peut-être créé aussi rapidement. Nous attendons donc plutôt un décret pour début 2018. »
Le 23 octobre dernier, une fiche officielle sur les pratiques avancées a été mise en ligne sur le site du ministère de la Santé. Elle précise que « la pratique avancée vise à résorber des problèmes localisés d’accès aux soins dans un contexte de tension démographique des professionnels médicaux. (…) Elle apporte une réponse à un besoin de visites ou de consultations plus fréquentes – pour un suivi ou un contrôle – qui permettent d’éviter les complications et de libérer du temps pour les médecins. Elle maintient également une surveillance appropriée au-delà des phases aigües de prise en charge. »
De son côté Jane-Laure Danan, présidente de la Fédération européenne des enseignants en sciences infirmières (FINE-Europe) a rappelé, lors de la première journée de recherche en soins infirmiers du CEFIEC, le 23 novembre, que son organisation demeurerait « vigilante » à ce que les pratiques avancées en France, où toutes les infirmières ont un niveau universitaire, s’inscrivent dans le même cadre que ce qu’elles sont à l’étranger. « Il doit s’agir d’un nouveau métier, un métier intermédiaire issu d’une formation académique à ne pas confondre avec la délégation de tâches », a-t-elle averti.
Sandra Mignot