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Deux enquêtes menées par l’association Soins aux professionnels de santé (SPS), dont nous avons obtenu les résultats en exclusivité, se penchent sur le suicide chez les professionnels de santé et la qualité de leur sommeil. Un premier constat : dès les premiers signes d’alerte, il faut être vigilant…
Comment évaluez-vous votre sommeil ? C’est la question qu’a posée par le réseau Morphée – qui étudie les troubles du sommeil – pour le compte de l’association Soins aux professionnels de santé (SPS) à des personnes ayant des troubles du sommeil. Parmi les 13 068 répondants au questionnaire en ligne, 882 étaient des soignants, dont 51 % d’infirmières et de sages-femmes.
39 % des soignants ont indiqué travailler en horaires décalés, dont 19 % le soir. Le temps de sommeil est, lui, plus court les jours de travail, avec une moyenne de six heures, comparé aux non soignants (6,46 heures). Ainsi, 48 % des soignants pensent être privés de sommeil par rapport à leur travail. Le travail posté (horaires variables) est d’ailleurs significativement plus fréquent chez les soignants ayant une sensation de privation de sommeil due à leur travail : 80 % contre 34 % pour ceux qui n’en sont pas privés. Et ce sont les infirmières et les aides-soignantes qui sont davantage concernées par cette privation de sommeil (30 % des AS, 69 % des IDE et 38 % des médecins).
« Le sentiment d’être privé de sommeil en raison du travail a des conséquences importantes pour la santé, explique le Dr Sylvie Royan-Parola, psychiatre et présidente du réseau Morphée. Les personnes concernées ont généralement un poids plus important, sont plus somnolents, et obtiennent des scores sur les échelles de sévérité d’insomnie, d’anxiété et de dépression, plus élevés. »
Il en ressort de ces troubles un risque d’accidentologie plus important chez les soignants que chez les non soignants. « Les soignants ne doivent pas sous-estimer cette somnolence quand ils sont au volant, rappelle le Dr Royan-Parola. Ouvrir la fenêtre ne sert à rien ! Il ne faut pas hésiter à s’arrêter et dormir 10 minutes avant de repartir. » De même, s’ils ressentent un sentiment de débordement, ils doivent faire un diagnostic de leur situation et si besoin, se faire aider par un professionnel afin de comprendre ce qui se passe et prendre des mesures pour y remédier.
Laure Martin
26% des IDE ont déjà eu des pensées suicidairesL’autre enquête de l’association SPS a concerné le suicide chez les professionnels de santé à laquelle 710 professionnels de santé ont répondu, dont 53 infirmières. 26 % d’entre elles affirment avoir déjà eu des idées suicidaires dont l’origine était toute ou partie d’ordre professionnel. Elles sont 30 % à connaître quelqu’un dans leur entourage de professionnels ayant fait une tentative de suicide, soit 64 personnes. Le suicide d’un professionnel de santé de leur entourage a remis en question, pour 47 % des infirmières, la qualité de leurs soins, pour 45 % d’entre elles, la confiance qu’elles avaient en elle, et pour 28 % l’implication dans leur travail. |
-« Le sommeil, un atout pour la santé », cahier Formation de L'Infirmière magazine.
-« Éduquer l’ado sur le sommeil va permettre de dédramatiser », cahier formation de L'Infirmière magazine.
- « Les apnées du sommeil », cahier formation de L'Infirmière libérale magazine.