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Une revue de littérature, réalisée par deux infirmières de soins intensifs, explore la question du bien-être du personnel paramédical en réanimation. Au vu des résultats, deux visions s’opposent : d’une part, il s’agit d’un milieu difficile, et de l’autre, des marges de progression restent possibles.
Dans « soins intensifs », il y a « intensifs ». Si cette lapalissade vaut pour les patients, qui subissent en réanimation des traitements plus lourds qu’ailleurs, elle est également une réalité pour les soignants. Les infirmières qui y travaillent ont davantage l’impression d’être confrontées à la mort, au bruit, à l’urgence, au stress, à la hiérarchie… Et c’est ce que vient prouver la revue de littérature scientifique réalisée par deux infirmières toulousaines, Audrey Lanfroy et Cécile de Amorin, et présentée à la 34e « Journée d’enseignement supérieur infirmier de réanimation adulte et pédiatrique », organisée par la Société française des infirmiers en soins intensifs (Sfisi) en décembre dernier.
Cette revue de la littérature scientifique internationale s’est penchée sur la satisfaction au travail des infirmières en réanimation. Une démarche – c’est le premier travail de ce type qu’elles réalisent – motivée par la dégradation de l’environnement de travail observée autour d’elles. Les seize études qu’elles ont retenues – et qui couvrent plusieurs pays (Chine, Brésil, Etats-Unis, Italie…) – identifient les facteurs qui font de ce service un lieu particulièrement difficile pour un soignant.
Parmi les causes de ce mal-être, les études recensées identifient fréquemment le manque de soutien de la hiérarchie, le manque de formation spécifique et la mauvaise entente entre collègues… Ils sont d’ailleurs cités dans sept des seize publications. Plusieurs citent également des facteurs liés à la flexibilité du temps de travail (horaires, congés, etc.) et au manque de reconnaissance salariale. Tandis que d’autres éléments sont relevés à une fréquence moindre : le manque de participation aux décisions de soin et le poids des activités bureaucratiques.
« Bien sûr, certains facteurs sont difficilement influençables, reconnaît Audrey Lanfroy. Mais on peut plus facilement en améliorer d’autres .» Notamment, la communication avec les médecins, la mise en place d’une politique de formation, l’élaboration de mécanismes de prise de décision commune… Les deux infirmières ne comptent d’ailleurs pas s’en tenir aux constats. « Nous aimerions développer un questionnaire pour que les équipes puissent s’évaluer, cibler les facteurs qui sont importants pour elles, car chacune est différente », explique Cécile de Amorin. Et sa collègue de surenchérir : « Si on ne prend pas soin de nous, on apportera de mauvais soins à nos patients. ».
Adrien Renaud