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Les récentes annonces du gouvernement sur la réforme de l’État sont dénoncées par les syndicats, qui craignent des restructurations et fermetures de service. Des journées d’action se préparent.
« Salaire au mérite », « plan de départs volontaires », développement des contrats de non-titulaires : le gouvernement a dévoilé ses pistes de réforme de l’État, le 1er février, à l’issue d’une réunion interministérielle. Ces annonces répondent à la promesse de campagne d’Emmanuel Macron : baisser la part de la dépense publique dans le produit intérieur brut (PIB) de 3 points d’ici à 2022 et réduire de 120 000 le nombre de fonctionnaires.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, s’est défendu de vouloir mettre en place « une politique du rabot », à l’image du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux pratiqué par Nicolas Sarkozy. Il vante au contraire « un travail de fond » de « transformation de l’action publique ». Ces transformations seraient ainsi accompagnées, explique-t-il, par des « reconversions », des « mobilités » et même des « départs vers le secteur privé ». Il n’a cependant « aucun doute sur le fait que nous puissions heurter la sensibilité ou les équilibres auxquels certains se sont habitués ». Le gouvernement semble donc prêt au rapport de force.
Pour l’heure, les syndicats sont sonnés. « On ne s’attendait pas à des annonces aussi brutales », confie Philippe Crepel, porte-parole de la CGT santé. Le syndicat a immédiatement réagi en dénonçant, une volonté de « démanteler le statut général des fonctionnaires et d’accroître de façon indigne la précarité ». « L’augmentation du retour aux contrats, c’est ce que vivent déjà beaucoup de soignants. Ils sont sur un siège éjectable », poursuit Philippe Crépel. « Faut-il rappeler que sur 5,5 millions d’agents publics, les agents non titulaires (donc sous contrat) sont déjà 1 million ? », rappelle FO Fonction publique dans un communiqué.
En ce qui concerne la Fonction publique hospitalière, le gouvernement serait plus rassurant : « On nous affirme qu’il n’y aura pas de suppression de postes à l’hôpital. Mais nous, on voit des restructurations en cours, des fermetures de services », explique Philippe Crepel, qui dénonce le projet de « fusionner les instances. C’est pour diminuer le pouvoir des syndicats représentatifs, cela va faire très mal ».
« On n’écoute pas les fonctionnaires, on ne parle pas du travail réel. Toutes les dernières politiques publiques ont été conduites sous l’angle budgétaire », renchérit, dans une interview au Monde, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Pour lui, il y a aussi « un gros problème de méthode : c’est très étonnant d’annoncer une concertation sur toute l’année 2018 et de donner dès à présent une partie des conclusions. » Les syndicats sont, en effet, engagés dans un processus de concertation, intitulé « Action publique 2022 », lancé en septembre 2017 et qui doit aboutir à la remise d’un rapport en avril.
Ces annonces interviennent après deux mesures déjà prises au détriment des fonctionnaires : le gel du point d’indice et le rétablissement du jour de carence. Les syndicats de la fonction publique, organisés en intersyndicale depuis plusieurs mois, pourraient décider rapidement d’une journée d’action, « sans doute fin mars », annonce Philippe Crépel.
Caroline Coq-Chodorge