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Dans son rapport annuel diffusé le 7 févier, la Cour des comptes se prononce en faveur d’une vaccination antigrippale obligatoire pour les professionnels de santé. Une mesure approuvée, avec quelques réserves, par les représentants infirmiers.
« Couvertures vaccinales parfois lacunaires » en raison de la baisse de confiance de la société civile et des professionnels de santé à l’égard des vaccins. C’est ce que relève la Cour des comptes dans ses recommandations à l’attention de l’État, formulées dans son rapport annuel public diffusé le 7 février. Ce qui se traduit par une insuffisance dans la couverture vaccinale contre la grippe saisonnière. D’ailleurs, une enquête réalisée auprès de 3000 professionnels de santé début 2017 indiquait que seuls 46% d’entre eux se sont fait vacciner contre la grippe lors de l'hiver 2016-2017. Dans ce contexte, la Cour des comptes recommande à l'État de « revenir sur la suspension de l'obligation de vaccination contre la grippe des professionnels de santé » datant de 2006.
Une recommandation à laquelle l’Ordre national des infirmiers (ONI) est favorable. « C’est nécessaire si nous voulons augmenter le taux de vaccination et être crédibles », soutient Catherine Jochmans, sa secrétaire générale, avant d’ajouter : « Néanmoins, l’ONI émet une réserve sur cette notion “d’obligation“. Dans un premier temps, nous voudrions qu’il n’y ait pas de mesure coercitive et que les professionnels de santé soient avant tout responsables. Nous avons un devoir de vaccination car nous pouvons difficilement demander à nos patients de se vacciner si nous ne le sommes pas. »
Pour Catherine Kirnidis, présidente du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), la préconisation de la Cour des comptes est « prévisible puisque les infirmières libérales sont quotidiennement aux côtés des personnes fragiles ». Elle soutient d’ailleurs cette obligation : « Nous devons nous vacciner pour nous protéger car nous devons assurer la continuité des soins. C’est également nécessaire pour éviter la propagation des maladies. » Mais si cette préconisation est, selon elle, « louable » et « honorable », encore faut-il que la vaccination soit facilement accessible aux Idel. « Aujourd’hui, nous avons un bon de vaccination de l’Assurance maladie, mais nous n’avons pas accès directement aux vaccins chez le pharmacien. Nous sommes obligées d’aller voir le médecin pour qu’il nous remplisse le bon. Nous n’avons pas le temps ! C’est bien beau de préconiser mais il faut aussi faciliter. »
Du côté du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC), le soutien à la vaccination est évident. « Nous sommes favorables à la vaccination, cette préconisation ne nous pose aucun problème », fait savoir Thierry Amouroux, son président. Mais pour le syndicat, laisser entendre que les professionnels de santé contaminent les patients, n’a aucune base scientifique. « Nous ne contaminons pas en tant qu’infirmier, car nous avons des gestes barrière, rappelle-t-il. Nous nous lavons les mains, portons un masque, des gants… »
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, citée dans le rapport, souhaite néanmoins pour le moment privilégier « la conviction et faire appel à la déontologie de ces professionnels en vue d'une conduite exemplaire plutôt qu'à la contrainte ».
Autre élément important du rapport : la Cour des comptes encourage une extension de la pratique vaccinale aux infirmiers, ce qui réjouit les syndicats.
Laure Martin