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Si l’arrêt d’un médicament ne peut se faire sans l’avis d’un médecin, il convient néanmoins de réévaluer régulièrement sa pertinence, notamment dans le cas des personnes âgées polymédiquées. Le Syndicat national des professionnels infirmiers encourage les infirmières à assumer leurs responsabilités dans le cadre des prescriptions médicales.
« Nous estimons qu’il relève des compétences et du rôle propre des infirmières de se positionner en médiateur entre la personne âgée et le médecin concernant la prescription des médicaments, souligne Thierry Amouroux, secrétaire général du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC). Nous savons également que les personnes âgées ont tendance à considérer le médecin comme le “sachant” et ne remettent donc pas en cause leurs prescriptions. » Or, celles-ci se retrouvent parfois avec des ordonnances comprenant plus de dix médicaments par jour, ce qui multiplie par deux le risque de chutes chez les personnes de plus de 60 ans, a fait savoir le SNPI dans un communiqué publié le 12 février, dans lequel il s’appuie sur une expérience canadienne sur la déprescription (voir encadré).
« Quand la personne âgée rencontre son médecin, ce dernier reproduit souvent l’ordonnance à l’identique, regrette Thierry Amouroux. Les infirmières doivent donc se positionner pour questionner la prescription médicale. » Une posture nécessaire car le patient âgé ne va peut-être pas oser, de lui-même, interroger son médecin.« À chaque fois qu’une infirmière prend en charge un patient âgé dont l’ordonnance comprend de nombreux médicaments prescrits, elle doit en profiter pour lui demander s'il en a déjà parlé avec son médecin, précise le secrétaire général du SNPI. Elle doit interroger de manière clinique la prescription. Si le patient n’en a pas parlé, l’infirmière doit l’inciter à le faire. »
L’infirmière peut ainsi encourager la déprescription, avec l’encadrement du médecin, afin de « réduire ou arrêter les médicaments qui n’ont plus d’effets bénéfiques ou qui peuvent être nuisibles », et ainsi « maintenir ou améliorer la qualité de vie de la personne âgée ». Cette responsabilité est d’ailleurs soulignée dans le Code de déontologie de la profession qui reprend l’article R 4312-42 du code de la santé publique, qui précise que « si l’infirmier a un doute sur la prescription, il la vérifie auprès de son auteur ou, en cas d’impossibilité, auprès d’un autre membre de la profession concernée. En cas d’impossibilité de vérification et de risques manifestes et imminents pour la santé du patient, il adopte, en vertu de ses compétences propres, l’attitude qui permet de préserver au mieux la santé du patient, et ne fait prendre à ce dernier aucun risque injustifié. ».
Le SNPI estime que le patient pourra s’appuyer sur sa conversation avec l’infirmière pour en parler à son médecin. Le syndicat estime ainsi réaffirmer la citoyenneté du patient âgé, c’est-à-dire, ne pas décider à sa place mais l’encourager à en parler. « Nous voulons le rendre responsable de son traitement », conclut Thierry Amouroux.
Canada : l’expérience fructueuseLe SNPI s’est notamment appuyé sur une expérience menée par des chercheurs du réseau canadien pour la déprescription, qui vise à encourager les IDE à s’engager dans cette voie. Une brochure d’information a ainsi été envoyée aux personnes qui prenaient des benzodiazépines depuis un certain temps. Un usage chronique déconseillé aux personnes de plus de 65 ans car ces médicaments perdent en efficacité au fil du temps et provoquent des effets indésirables importants (fatigue, chutes, troubles de la mémoire), note le syndicat. L’équipe canadienne propose ainsi un plan de sevrage, et invite le patient à consulter son médecin avant d’arrêter tout médicament. Ainsi, conclut le SNPI, « la majorité des personnes contactées ont initié une discussion avec un professionnel de santé et plus de moitié de celles qui ont décidé d’arrêter y sont parvenues. » |
Laure Martin
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