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Depuis plusieurs semaines, la commune de Clamecy, dans la Nièvre, craint pour ses urgences de nuit. Car faute de personnels urgentistes dans les établissements de la région (200 postes seraient concernés), elles pourraient être fermées au profit d’une réorganisation des secours à l’échelle de la Bourgogne-Franche-Comté.
Si le projet régional de santé 2018-2022 de l’Agence régionale de santé (ARS) – qui porte sur l’organisation des secours dans la région Bourgogne-Franche-Comté – est adopté en juin, divers services des urgences seront directement concernés, notamment ceux ayant moins de 11 500 passages. En effet, vu le manque d’urgentistes dans les établissements, l’ARS explique vouloir rendre l’offre de soins « compatible avec les besoins de la population et la démographie médicale des urgentistes ». Cette « adaptation de l’amplitude horaire d’ouverture ou des effectifs des sites en dessous de 11 500 passages » (comme c’est le cas à Clamecy) pourrait être une piste. Les patients devront donc se rendre, la nuit, à Cosnes, Nevers ou Auxerre avec un temps de trajet allongé, jusqu’à 1 heure 30, pour les usagers les plus éloignés.
Certains habitants ont le sentiment de « passer à un service médical à plusieurs vitesses ». Un schéma qui ne convient pas, non plus, Claudine Boisorieux, maire de Clamecy. « On peut aujourd’hui avoir des inquiétudes motivées par nos expériences, déplore l'élue qui est aussi présidente du conseil de surveillance de l’hôpital. On nous promet le maintien du Smur mais la suppression de la ligne de garde en “nuit profonde”. Ce n’est pas le poste d’urgentiste qui serait gagné à Clamecy qui va résoudre le déficit des 17 postes d’Auxerre. Comment ferons-nous quand le médecin du Smur sera en intervention ? » La remise en cause des urgences de nuit va entraîner, selon elle, celle des urgences de jour : « Les usagers font déjà l’amalgame. Ce n’est pas bon pour la fréquentation de notre établissement. »
Pour Alain Marchet, infirmier à l’hopital de Clamecy depuis 37 ans et président de la Coordination de la promotion de la santé dans le Haut-Nivernais, c’est une « situation incompréhensible pour un établissement qui répond à des critères d’isolement géographique ». Il pointe les logiques comptables du futur schéma régional et milite pour une prise en compte « des territoires et des gens qui y vivent ».
Pour lui, le temps supplémentaire passé sur les routes augmentera les risques de prises en charge hors délai. Un avis partagé par les sapeurs-pompiers du secteur, en majorité volontaires, qui effectuent leur mission nocturne en plus de leur travail diurne. « Deux interventions de trois à quatre heures, et ils font leur nuit avant de retourner travailler », calcule Alain Marchet. « Difficile d’imaginer trouver des candidats sur de telles distances aggravées », anticipe Claudine Boisorieux.
Plusieurs actions sont organisées cette semaine. Ainsi, ce jeudi (22 février, NDLR), un rassemblement est prévu à 21 heures devant les urgences, à l’initiative des élus de l’intercommunalité. Tous les maires devraient rédiger leurs démissions au préfet, sous réserve d’une fermeture des urgences de nuit actée. Pour vendredi 23 février, un appel à la grève est lancé à l’occasion de la tenue d’une réunion avec un représentant de l’ARS, à 11 heures. Un défilé aura lieu en amont dans les rues de Clamecy. Les commerces ont appelé à baisser leur rideau en solidarité.
Carole Tymen