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La ministre de la Santé a été accueillie par des manifestants, jeudi 1er mars, lors des États généraux de la santé de la Nièvre, à la maison de la culture de Nevers. Ces derniers avaient fait le déplacement pour en savoir plus sur la fermeture programmée des urgences de nuit de Clamecy. Mais l'argumentaire de la ministre a peiné à convaincre...
« Urgences fermées - nos vies en danger ». « Pompiers pour sauver des vies pas pour rouler toute la nuit. » La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a été accueillie par des manifestants, jeudi 1er mars, à la maison de la culture de Nevers (Bourgogne-Franche-Comté), à l’occasion des États généraux de la santé de la Nièvre.
Sans faire de grande annonce, la ministre a surtout écouté et répondu aux inquiétudes des habitants, élus et professionnels de santé du département, concernés par le projet régional de restructuration des secours avec, en creux, la question de l’accès aux soins dans les territoires ruraux. Le schéma de santé 2018-2020 envisage, entre autres, la fermeture des urgences de nuit de Clamecy.
Si la ministre a garanti qu’« il y aura toujours des urgences pour prendre en charge les gens la nuit [...] à Clamecy, comme partout en France », grâce à un « service de Samu ou d'urgence qui soit en capacité de répondre à une situation aiguë », le discours peine à convaincre les professionnels de santé.
Pour Alain Marchet, président de la Coordination de la promotion de la santé dans le Haut-Nivernais et IDE depuis trente-sept ans aux urgences de Clamecy, « la coupe est pleine ». Reçu par des représentants de l’ARS, du ministère et de la préfecture, jeudi matin, il a redit son inquiétude quant au scénario imaginé par l’ARS : « dire qu’un médecin (de médecine) viendrait prendre en charge les patients des urgences lorsque le médecin urgentiste partirait en intervention Smur est une aberration. Ils ne sont pas formés pour cela. » Il se réjouit néanmoins de l’annonce de la réouverture des négociations, courant mars, et espère que « tous les acteurs locaux seront associés ».
« J’entends que la situation est très angoissante pour la population française », a déclaré Agnès Buzyn. Mais pour la ministre, l’enjeu réside en la capacité des territoires à inventer de nouvelles formes de coopération. « Je suis absolument certaine que la Nièvre saura trouver des situations innovantes. » « Je pense qu’on peut être force de proposition, en travaillant de manière collective, appelle de ses vœux la maire de Clamecy. On devrait servir de laboratoire et montrer que c’est possible. »
La CGT, qui regrette de ne pas avoir été « invitée » aux groupes de travail, se dit « très déçue » des engagements de la ministre : « On a loupé une occasion de repenser en profondeur la politique de santé de la Nièvre. […] On peut innover autant qu’on veut, tant qu’on ne met pas les moyens… » Ses représentants demandent notamment « le fléchage prioritaire par l’ARS des postes médicaux vers le département » et « l’attribution de bourses d’étude pour les internes en médecine avec un engagement de servir l’établissement financeur ».
Comme vendredi 23 février, à Clamecy, une délégation départementale des sapeurs-pompiers volontaires s’est jointe à la mobilisation. Ce jour-là, une trentaine de maires de l’intercommunalité avaient déposé leur écharpe tricolore devant un buste de Marianne, symbole de leur refus. Dans le département voisin de l’Yonne, également concerné par le schéma régional de santé, 500 personnes ont manifesté dans les rues de Tonnerre, lundi 26 février.
Carole Tymen