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Deux infirmières cliniciennes certifiées, exerçant en libéral dans le Gard (30), ont recu, le 17 mars, le prix Any d’Avray pour la mise en place de consultations infirmières lors de la prise en charge à domicile de patients atteints de cancer. Des consultations, pour le moment, bénévoles.
« Avec nos consultations infirmières, nous offrons aux patients atteints d’un cancer, une prise en charge globale à domicile avec des traitements non médicamenteux », explique Florence Jakovenko, infirmière clinicienne et libérale à Saint-Christol-lès-Alès, dont le projet commun avec Laurianne Derreux, Idel à Le Cailar, « Consultation infirmière pour une prise en charge à domicile en cancérologie », a reçu le prix Any d’Avray 2018 (1). Un raisonnement clinique qui leur permet de comprendre la situation du patient et de définir, avec lui, des objectifs de soin afin d’apaiser sa douleur, son anxiété, et diminuer les effets secondaires de la chimiothérapie. « Notre vigilance quant à ces effets secondaires nous permet d’alerter l’oncologue si besoin », précise Florence Jakovenko.
Le nombre de séances de soins de support se définit en fonction des patients. En général, elles durent entre une heure et une heure trente. « La première séance consiste au recueil des données, rapporte l’infirmière.Nous faisons connaissance avec le patient, écoutons ses besoins et envisageons les moyens pour améliorer sa prise en charge. » Notamment grâce à des traitements non médicamenteux : relation d’aide (écoute active), hypnose, réflexologie plantaire, toucher détente…
Pour le moment, aucune prise en charge financière n’est prévue pour ce type de consultations mises en place par les deux infirmières libérales, chacune dans leur secteur. « Nous ne pouvons pas faire entrer ces séances dans le cadre de la nomenclature générale des actes professionnels (NGAP), fait savoir Florence Jakovenko. Alors nous faisons du bénévolat, en dehors de nos tournées. Les patients peuvent s’adresser à nous directement ou le sont par l’intermédiaire de leur médecin. » Ayant exercé au sein d’une association, puis auprès d’une équipe mobile de soins palliatifs, Florence Jakovenko a contacté l’hôpital d’Alès afin d’assurer une meilleure coordination des patients pris en charge.
« L’ARS Occitanie est intéressée par notre projet, d’autant plus que le Plan cancer demande aux ARS de développer les soins de support en ville, indique Florence Jakovenko. Elle nous propose de créer une équipe de soins primaires (ESP) et une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP), afin que les séances entrent dans le parcours de soins coordonné du patient et qu’elles soient financées dans le cadre de l’accord conventionnel interprofessionnel (ACI). » Entre-temps, les deux infirmières tentent, chacune de leur côté, d’identifier des médecins pour mettre en place leur ESP et leur MSP. Elles sont également en discussion avec un groupe mutualiste afin d’inclure ces séances dans l’offre de soins. En attendant, les 2500 euros qui accompagnent le prix Any d’Avray vont leur permettre de financer des séances pour leurs patients.
Laure Martin
(1) Depuis 24 ans, le Prix Infirmier Any d’Avray récompense des projets innovants d’équipes infirmières, destinés à améliorer la qualité de vie des patients atteints de cancer. Cette année, trois projets ont été récompensés. Soit le projet de « Création d’une structure associative d’aide aux femmes atteintes de cancer du sein » de Sandra Derudas (Hôpital Notre Dame de la Miséricorde d'Ajaccio), et « Soutenir des enfants hospitalisés en oncologie », de l’association Haroz (services pédiatriques oncologie de Thorigné-Fouillard).