© A.-G. Moulun
Ce lundi 16 avril, à 12 h 30, les personnels paramédicaux des urgences lyonnaises en grève se sont allongés devant l’hôtel de ville de Lyon pour sensibiliser le public au manque de moyens auxquels leurs services sont confrontés.
Sur la place de la Comédie, à Lyon, devant l’hôtel de ville, plusieurs corps sont allongés dans des sacs mortuaires. D’abord debout, une vingtaine de soignants s’allongent chacun à leur tour, au fur et à mesure qu’une de leurs collègues égrène ces mots : « Parce que travailler de nuit ça tue, parce que contenir les gens sur un brancard ça tue, parce que la précarité des soins ça tue, parce que macérer dans ses déjections ça tue, parce que le suicide de nos collègues ça nous tue... » Une fois allongés, d’autres soignants tracent la silhouette de leur corps à la bombe, comme sur une scène de crime.
Cette mise en scène, réalisée par les urgentistes lyonnais en grève, « symbolise l’hôpital en train de mourir », explique Manon, infirmière aux urgences de l’hôpital Édouard-Herriot. En grève depuis début février, les personnels paramédicaux ont été rejoints par les urgences de l’hôpital de la Croix-Rousse, de l’hôpital Saint-Joseph Saint-Luc et de l’hôpital psychiatrique du Vinatier.
La mobilisation continue
À Édouard-Herriot, la mobilisation a porté quelques fruits. « Nous avons obtenu un brancardier sur les deux que nous avions réclamés, déclare Manon. Il sera en service un jour sur deux au pavillon N (urgences médicales et psychiatriques) et un jour sur deux au pavillon A (urgences traumatiques). Et, à partir du 1er juin, chaque pavillon aura un brancardier. Le pavillon N, qui n’avait pas de brancardier le week-end, en aura désormais un. En revanche, la direction nous a refusé l’aide-soignant 24 h/ 24 à l'accueil des urgences, ainsi que le rétablissement des primes de nuit. »
Les urgentistes d’Édouard-Herriot, qui n’ont pas obtenu entière satisfaction, continuent le mouvement. Et, depuis le 30 mars, les urgences du centre hospitalier psychiatrique du Vinatier ont rejoint la grève. « Nos revendications portent sur les effectifs, explique Ariane, infirmière aux urgences du Vinatier. Nous n’avons pas suffisamment de psychiatres aux urgences, ce qui oblige l’établissement à faire appel à des médecins d’autres pôles, qui ne connaissent pas le service. Nous demandons également davantage de lits. Nous avons 14 lits aux urgences et nous accueillons en moyenne une vingtaine de patients par jour. Par conséquent, beaucoup dorment dans les couloirs. » Les grévistes devraient être reçus par la direction le 18 avril. En attendant, le mouvement se poursuit...
Anne-Gaëlle Moulun