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La Semaine européenne de la vaccination (23-29 avril) met l’accent, cette année, sur les nourrissons, en lien avec l’extension des obligations vaccinales en janvier dernier. Le site vaccination-info-service.fr a ainsi inauguré un volet réservé aux professionnels de santé. Un effort d’information qui semble indiqué… car plusieurs infirmières admettent avoir des lacunes sur le sujet.
« Les professionnels de santé sont-ils bien informés sur le rapport bénéfice/risque de chaque vaccin ? ». Nous avons lancé ce sondage le 25 avril dernier, sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter), suite à la campagne d’information lancée dans le cadre de la Semaine européenne de la vaccination, notamment la création, sur le site vaccination-info-service.fr, d’un espace réservé aux professionnels de santé. Un volet qui propose des contenus d'ordre scientifique, juridique, réglementaire ou sociologique, dont la pharmacovigilance, des calendriers par tranches d’âge, des recommandations pour chaque vaccin, ou encore des listes de contre-indications.
L’arsenal déployé est riche, et pourtant, à la question « Estimez-vous être suffisamment informé du rapport bénéfice/risque pour chaque vaccin ? », les premières tendances sont bien tranchées. Un premier pointage (réalisé ce 27 avril à midi) indique que si 24 % des 99 répondants sur notre page Facebook s’estiment « bien informés », 76 % avouent « avoir quelques lacunes ». Sur notre site espaceinfirmier.fr, ils sont 11,5 % à se dire bien informés contre 80 % avec des lacunes ; et sur Twitter, 41 % des 27 répondants se disent « bien informés » quand 48 % confient avoir « quelques lacunes ».
Rien de très étonnant, estime Pedro Conches, infirmier de santé publique, ancien membre du comité de pilotage des vaccinations, et membre actuel du comité de rédaction de L’Infirmière magazine. Et bien que, selon lui, « une semaine pour parler de vaccination est certes insuffisante », il est « important d'en parler et de renouer la confiance des professionnels avec la vaccination. Les professionnels infirmiers se sont souvent sentis exclus du processus vaccinal. Et les seules personnes en face, pour les écouter, étaient les anti-vaccins. »
L’enjeu d’une telle communication envers les professionnels de santé est double, note-t-il. Il s’agit de mettre à disposition « des outils qui leur permettent de mieux faire comprendre l'intérêt de la vaccination » et de « faciliter l'acte vaccinal ». « Il faut bien comprendre que le choix d'un usager de se faire ou non vacciner se fait essentiellement sur les conseils et recommandations d'un professionnel de santé, qu’il soit médecin, pharmacien ou infirmier », souligne-t-il. Avant de citer l’exemple de l’actuelle épidémie de rougeole : « Augmenter la couverture vaccinale contre la rougeole est indispensable (…) Plus de 1 500 cas en quatre mois, alors que nous en avions environ 300 cas par an depuis 2013… ».
Pour l’infirmier de santé publique, des leviers pourraient néanmoins permettre d’inverser la tendance à moyen et long termes, dont le renforcement de la formation initiale : « Le service sanitaire qui doit être mis en place à l'intention des étudiants infirmiers à la rentrée 2018 a un rôle important à jouer en ce domaine, entre autres en sensibilisant davantage sur la prévention primaire dont fait partie la vaccination. » Il est aussi nécessaire, estime-t-il, « que les professionnels se sentent réellement investis d'une mission. Les IDE réalisent des injections régulièrement, souvent plus que les médecins. Dans la majorité des cas, et pour les adultes, je ne vois pas d'objection à ce que les infirmières se saisissent entièrement des vaccinations. Tout en réorientant les personnes à risque, enceintes et fragiles vers des consultations spécialisées assurées par les médecins généralistes ou les professionnels dans les centres de santé. »
Carole Tymen