03/05/2018

Asalée : « Un flou artistique », estime la FNI

Une évaluation qualitative d’Asalée a été publiée par l’Irdes (Institut de recherche et de documentation en économie de la santé) en avril dernier. Pour Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), le document confirme le décalage entre coût et inconsistance du dispositif.

L’étude de l’Irdes révèle que les infirmières Asalée (Action de santé libérale en équipe) semblent satisfaites du dispositif. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Elle est biaisée car elle est confiée à l’Irdes, dont le directeur de recherche – le Dr Yann Bourgueil – a encouragé le modèle Asalée dès sa conception. Cette évaluation manque d’indépendance. De plus, la méthode décrédibilise l’étude : seules 80 infirmières environ ont été interrogées (1). Enfin, l’Irdes fait un amalgame entre le dispositif et les infirmières de pratique avancée (IPA). Or, il existe un delta entre la formation des infirmières Asalée et le futur master des IPA. Tout cela n’est donc pas sérieux.

L’étude souligne un risque de “concurrence, lié à des recouvrements de compétences”. Quelle est la plus-value d’Asalée ?
Les auteurs relatent que l’infirmière « surveille les données des patients »  ; « elle écoute […], propose des apprentissages », « réalise des actes techniques »… Mais les infirmières libérales font déjà cela : tout est prévu dans la nomenclature des actes infirmiers. On lit que les infirmières Asalée « [gèrent] la patientèle du médecin ». Mais c’est du secrétariat médical ! Par ailleurs, un ancien infirmier Asalée m’a raconté qu’il emmenait les patients âgés se promener, pour promouvoir l’activité physique. Ce qui est le rôle des auxiliaires de vie.

Qu’en concluez-vous pour la suite ?
En tant que membre du Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie, j’ai dénoncé, dès le début, ce dispositif. Les médecins surfent sur les problèmes des déserts médicaux et de la chronicité quasi pandémique des pathologies pour finalement obtenir un financement d’assistantes médicales sur fonds publics. Une étude d’impact (présentée par Dominique Polton en 2014, au Haut conseil pour l'avenir de l'assurance maladie) a révélé qu’Asalée générerait un surcoût de 800 millions d’euros par an, pour les seuls diabétiques. Alors, eu égard au flou artistique révélé par l’Irdes, je pense que ce dispositif est voué à disparaître.

Propos recueillis par Émilie Lay

1. On comptait 310 infirmières Asalée en 2015, au moment où a débuté le travail de l’Irdes. Elles sont près de 600 aujourd’hui.

Asalée : un dispositif de prévention

- Le dispositif Asalée a été créé en 2004 sous l’impulsion d’un médecin généraliste et d’un ingénieur spécialisé, avec le soutien de médecins de santé publique. Il est porté par une association du même nom, dont les infirmières sont salariées.
- Asalée repose sur des coopérations locales médecin-infirmière. Objectif : développer la prévention en faveur de patients souffrant de maladies chroniques ou présentant des facteurs de risque. Et remédier à la dégradation des conditions de travail des médecins généralistes.
- La délégation des actes aux IDE est encadrée par quatre protocoles portant sur le diabète, le risque cardio-vasculaire, la broncho-pneumopathie chronique obstructive (dont le sevrage tabagique) et les troubles cognitifs. Le dispositif inclura bientôt la prise en charge de l’obésité de l’enfant.

Les dernières réactions

  • 06/12/2018 à 10:33
    gigi
    alerter
    ayant déménagé les infirmières asalèe refuse de me prendre dans le groupe de marche du mon nouvau domicile.
    sous prétexte que j'ai gardé mon médecin a l'ancien village ou j'habitais 8 km . ce médecin peut leurs fournir mon dossiers médical.
    réponse vous avez obligation de faire partie du cabinet médical dont nous dèpendons
  • 29/12/2020 à 16:45
    moa
    alerter
    un point de vue très tranché qui ne prend pas le problème du bon bout. Le dispositif IPA serait l'idéal MAIS: c'est 2 ans d'études supplémentaires sur les deniers des infirmières, 10 000 € les 2 ans des formation (voire plus, cela dépend des universités) avec amputation de 50% du salaire parce qu'il faut se rendre disponible 1 semaine sur 2. Une formation universitaire et quand on sait ce que donnent les formations universitaires sur le plan pratique, c'est à dire un fossé entre réalité et théorie, on peut s'attendre à une formation peu pragmatique. Si les études ne correspondent pas à la demande d'un employeur cela ne débouche en général pas sur un poste. Et de toutes manières sur le point de vue de la valorisation salariale c'est ridicule! Si le point de vue de M.TISSERAND pouvait dépasser celui des infirmiers libéraux cela lui permettrait peut être de voir que le travail en équipe est toujours plus efficace quand il est pluri-disciplinaire. La réalité est qu'à l'élaboration du dispositif Asalée, la FNI n'a pas eu voix au chapitre. Mais pour ce que l'on les a entendu au ségur, on en serait arrivé au même résultat.
  • 17/05/2022 à 20:56
    Elena Sanchez
    alerter
    La réaction a été supprimée car elle ne respecte pas la charte du site.

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