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Combien d’infirmières à l’horizon 2040 ? Une projection sur la démographique des infirmières a été présentée ce 3 mai par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Premier constat : si le nombre d'IDE devrait augmenter, l’exercice hospitalier resterait majoritaire.
À comportement constant et avec le maintien des politiques en vigueur (1), le nombre d’infirmières de 67 ans ou moins devrait augmenter de 53 % pour atteindre 881 000 soignants actifs en 2040, indique une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), publiée ce 3 mai. Pendant cette période, la population augmenterait moins rapidement (+ 10 % selon les projections de l’Insee), ce qui entraînerait une poursuite de la hausse de la densité constatée ces dernières années : de 872 IDE pour 100 000 habitants en 2014, elle passerait à 1 217 en 2040, soit une hausse de 39 %. « Les besoins de soins sont très concentrés sur les personnes âgées (65 à 74 ans) qui consomment 27 fois plus de soins infirmiers que les moins de 65 ans », a expliqué Claire Marbot, cheffe du bureau des professions de santé de la Drees. Le vieillissement de la population devrait aussi provoquer une hausse des besoins de soins infirmiers.
Dans le scénario tendanciel, les infirmières continueraient d’exercer massivement à l’hôpital public : environ 44 %. Les IDE en établissements pour personnes âgées représenteraient 6 % des effectifs, une proportion égale à celle de 2014. La part des IDE salariées n’exerçant ni à l’hôpital ni dans un établissement pour personnes âgées, mais en centres de santé, en établissements pour personnes handicapées ou en entreprises, diminuerait, elle, au profit de l’exercice libéral. « La part des libérales progresserait de 14 % à 23 % en 2040 », a fait savoir Claire Marbot.
Enfin, concernant les disparités de densité, elles seraient modifiées par rapport à la situation de 2014. Les régions Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Corse et Bretagne retrouveraient ainsi des densités proches de la moyenne nationale, en raison de la forte augmentation de la population dans ces régions. À l’inverse, le nombre d’infirmières augmenterait en Provence-Alpes-Côte d’Azur de 71 % (contre 53 % au niveau national), soit une hausse plus forte que celle de la population. Les régions Nord-Pas-de-Calais et Lorraine atteindraient aussi des densités supérieures de 10 % à 20 % à la moyenne nationale. À l’inverse, les densités des régions Ile-de-France, Haute-Normandie, Poitou-Charentes et Pays de la Loire seraient de 10 % à 20 % inférieures à la moyenne nationale.
La Drees met également en ligne ce 3 mai un outil proposant les résultats des projections d’effectifs et de densités de médecins à l’horizon 2040 permettant d’éclairer le débat public sur la démographie médicale. Un outil qu’elle prévoit de développer pour les infirmières.
Laure Martin
1-. Un modèle de projection se fonde sur les comportements (entrée dans la vie active, choix du mode d’exercice et d’une région, changements de mode d’exercice et de région, cessation d’activité…) observés à partir des données disponibles. Ces comportements sont reproduits dans le futur. L’évolution des effectifs dépend aussi des politiques de régulation (fixation du niveau des « quotas », qui déterminent le nombre de places disponibles en Ifsi, législation en vigueur concernant notamment l’âge de départ à la retraite).