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Des médecins québécois se sont partagé 4,5 millions d’euros en 2017 pour superviser les infirmières praticiennes spécialisées (IPS), homologues de nos infirmières de pratique avancée (IPA)… Ce qui est loin de plaire aux soignantes !
Depuis les discussions à propos du périmètre des futures IPA, le torchon brûle entre infirmières et médecins en France. Et si, au Québec, les infirmières praticiennes spécialisées (IPS), homologues des infirmières de pratique avancée (IPA) françaises, sont bien installées, des données de la Régie de l'Assurance maladie du Québec viennent démontrer que toutes les questions ne sont pas réglées pour autant. En effet, une polémique naît, depuis quelques jours au Québec, à propos de la rémunération forfaitaire que touchent certains médecins pour superviser et surveiller les activités des IPS, qui sont à la Belle Province ce que les IPA seront bientôt à notre pays.
C’est la Coalition avenir Québec (CAQ), deuxième parti d’opposition du pays, qui a levé le lièvre en analysant des données de l’Assurance maladie, annonce le site québécois La Presse. Résultat : 1767 médecins ont touché en 2017 une rémunération forfaitaire pour la supervision des 358 IPS du pays, pour un montant total de 6,9 millions de dollars canadiens (environ 4,5 millions d’euros). Soit un joli bonus de près de 2550 euros par praticien.
« C'est insultant de voir les médecins recevoir autant d'argent pour superviser les IPS alors qu'elles n'ont pas besoin de supervision », réagit dans La Presse Nancy Bédard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), le principal syndicat infirmier du pays. Celle-ci n’hésite pas à dénoncer la condition des IPS, qui sont selon elle « encore réellement sous le joug des médecins ».
Le ministre de la Santé québécois, Gaétan Barette, justifie, de son côté, le forfait en précisant que si l’IPS est autonome, elle peut avoir besoin de demander « » ou « un ajustement dans l’approche diagnostique » au médecin. Ce qui laisse présager de joyeuses empoignades chez nous, quand les IPA seront véritablement déployées sur le terrain.
Adrien Renaud