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Plusieurs centaines d’hospitaliers ont manifesté le 15 mai, à Paris, à l’appel des syndicats Sud santé-sociaux et CGT. Objectif : dénoncer la dégradation des conditions de travail dans les hôpitaux. Une marée blanche qui a fait un détour remarqué sur les Champs-Élysées avant de rejoindre le ministère de la Santé.
« Nous manquons de moyens au sein de nos services, lance Elisabeth, infirmière en salle de réveil au sein du groupe hospitalier du Havre, qui attend, avec ses collègues, le départ de la « marée blanche », place des Invalides à Paris. Nos conditions de travail sont très difficiles, les remplacements ne sont pas assurés, ni les départs à la retraite. Nous sommes en flux tendu continuel. » Ce à quoi répond Sandra, sa collègue infirmière : « Nous sommes fatigués et frustrés. Nous ne ressentons aucune humanité de la part de nos directions, qui comptent sur la nôtre pour assurer les soins. »
Conditions de travail dégradées, réduction des effectifs, perte de sens des métiers et des missions, insécurité des patients… Les revendications sont nombreuses dans les rangs des manifestants qui ont dévié de leur parcours initial pour aller battre le pavé sur les Champs-Élysées, avant de rejoindre le ministère de la Santé.
Cette journée de manifestation nationale est née dans les territoires. « Les exercices financiers 2017 de différents centres hospitaliers ont entraîné des plans de retour à l’équilibre, et donc des restructurations des effectifs », explique Christian Lemaire, secrétaire départemental (Maine-et-Loire) du syndicat Sud santé-sociaux et secrétaire de la section du CHU d’Angers.
Pour faire remonter les mouvements sociaux et les grèves locales, résultantes de « la dégradation des conditions de travail », les hospitaliers, sous l’impulsion des syndicats Sud santé-sociaux et CGT, et en présence de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, se sont réunis en assemblées générales en début d’année à Paris, Rennes, Toulouse et Angers. « Ces réunions ont conduit à la définition des revendications et à l’idée de cette mobilisation nationale », rapporte Christian Lemaire.
À Paris, le cortège a fait un détour par les Champs-Élysées pour rejoindre le ministère de la Santé.
Principale revendication : l’arrêt des plans d’économies dans tous les hôpitaux qui « subissent » les mesures gouvernementales accroissant leurs déficits. « Les restrictions budgétaires du gouvernement poussent au travail à la chaîne », regrette Hannah, infirmière à l’hôpital Edouard Herriot à Lyon, syndiquée à la CGT, et présente à la Marée blanche avec une dizaine de collègues. « Les agents et les patients paient les conséquences de ces mesures, dénonce Christian Lemaire. Nous sommes entrés dans un cycle où les décisions politiques mettent les hôpitaux dans des situations ingérables financièrement. Nous avons le même problème avec les Ehpad. »
Que font les directions locales ? « Elles ne subissent pas les choix gouvernementaux, elles les appliquent, souligne Hannah. Lorsque nous faisons grève et que les directions nous reçoivent, elles nous écoutent mais répondent qu’elles n’ont pas de marge. Elles ne nous soutiennent pas pour autant. Les directeurs devraient eux-aussi être dans la rue pour dénoncer les décisions politiques. » C’est aussi ce que pense Caroline Fiat, ancienne aide-soignante et députée France Insoumise, venue apporter son soutien aux manifestants : « Ce n’est pas parce que je suis députée que je ne fais plus partie des soignants. Leurs revendications sont les miennes dans l’hémicycle surtout lorsqu’on sait qu’un plan d’économies de 960 millions d’euros va peser sur les établissements de santé en 2018. Il faut redonner des moyens au secteur pour que nos métiers attirent de nouveau. »La prochaine mobilisation des agents de la Fonction publique aura lieu le 22 mai.
Texte : Laure Martin
Photos et vidéos : Karen Ramsay