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Vingt-six professionnels de santé, toutes fonctions confondues, ont livré, le 23 mai, un rapport pour « changer la vie à l’hôpital ». Ils y formulent sept propositions pour opérer une transformation du système de santé et répondre au malaise du personnel hospitalier.
Miser sur le trio patient-professionnel de santé-gouvernance pour « changer la vie à l’hôpital », tel est l’axe de travail proposé par le Groupe des 26, un collectif « libre et sans commanditaire » qui « associe les différentes sensibilités de l’univers hospitalier et hospitalo-universitaire, et des usagers », a précisé Jérémie Secher, directeur d’hôpital et président du Syndicat des managers publics de santé (SMPS), lors d’un point presse ce 23 mai. Au menu du cahier des charges, « savoir comment remettre le soin au cœur de l’hôpital public, à la fois en réduisant la complexité administrative pour préserver le temps soignant et redonner du sens aux professionnels », ont expliqué Jérémie Secher et Philippe Denormandie, à l’origine du groupe de réflexion.
(De g. à dr. : Philippe Denormandie, praticien hospitalier, Jérémie Sécher, directeur de CH, Rachel Bocher, praticien hospitalier, et Guillaume Wasmer, directeur de CH)
« Nous sommes partis de trois constats : l’existence d’un malaise chez les personnels hospitaliers, le rôle trop périphérique des patients et associations de patients par rapport aux décisions de santé, et la lourdeur administrative et financière qui s’impose de réforme en réforme », ont-ils indiqué. Après deux mois de travaux et de réflexion, sept propositions ont été formulées :
1. Imaginer un nouveau contrat avec les patients
Étendre la représentation des patients et faciliter l’accès aux soins, à travers une plateforme clinique territoriale d’accompagnement, sorte de guichet unique. Un point majeur pour l’égalité de l’accès aux soins et à la santé dans les territoires.
2. Réinventer les relations entre professionnels
Donner (ou redonner) envie de travailler à l’hôpital, en professionnalisant le management de proximité (formation initiale ou continue). « Des espaces d’échanges réguliers doivent être instaurés en vue de permettre à chaque professionnel de s’exprimer sur la construction de son parcours professionnel », note le groupe.
3. Redonner du temps aux professionnels
En s’appuyant sur la récente étude de la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) réalisée par Odoxa qui indique que « les personnels, et plus particulièrement les infirmières et les aides-soignantes disent “manquer de temps pour accomplir leur travail” », le groupe propose la création de nouveaux espaces professionnels « qui assureront les fonctions supports, afin de redonner du temps aux professionnels de santé et de les recentrer sur leur plus-value, leur cœur de métier ».
4. Restaurer la confiance entre les professionnels
En amont de la médiation, un dispositif de gestion et de détection des situations problématiques – et des talents – doit être mis en place au niveau local (établissement), territorial et national.
5. Faire de l’hôpital un leader de la recherche et de l’innovation en Europe
Pour le Groupe des 26, la recherche, la formation et l’innovation doivent être organisées en réseau (l’hôpital public à son centre), dans une logique d’équipe territoriale labellisée.
6. Renforcer la représentation des médecins, des soignants et des patients dans la gouvernance interne des établissements
Il est essentiel de « remettre la santé au cœur du processus décisionnel », en « faisant entendre le message des soignants – mieux ou davantage, poursuit Philippe Denormandie, praticien hospitalier et co-auteur du rapport. En clair, il faut marcher à la fois sur le pied du soin et de la gestion. » La gouvernance doit, elle, évoluer afin de « conforter un management de proximité ».
7. Définir une gouvernance en santé souple et stratégique
« Les groupements hospitaliers de territoire (GHT) ne sont pas une fin en soi, estime Jérémie Secher. Nous proposons de les faire évoluer en GST, des groupements de santé de territoire, qui rassembleraient les professionnels de l’hôpital, du médico-social, du social et de ville. Dans certains cas, ils se substitueraient aux GHT, dans d’autres, ils s’articuleraient avec eux. »
Le rapport a été transmis, ce 23 mai, aux établissements hospitaliers, aux pouvoirs publics et au cabinet d’Agnès Buzyn. « Notre objectif est de partager le plus possible ces réflexions. Et nous appelons les pouvoirs publics à faciliter la mise en œuvre des ces préconisations », exhortent-ils.
Karen Ramsay
POUR ALLER PLUS LOIN...
Lire le dossier sur La médiation hospitalière, paru dans Objectif Soins & Management (réservé aux abonnés)