Qualité des soins : 5,1/10, estiment les infirmières

À la question « Comment jugez-vous la qualité des soins en France ? », les 951 médecins et 1217 infirmières, interrogés dans le cadre du « Baromètre 2018 : la qualité de soins vue par les médecins et les infirmiers » ⁽¹⁾, étude menée conjointement par 360 medics et Egora, lui attribuent à peine la moyenne : soit 6,3/10 pour les médecins et 5,1 pour les infirmières. Un écart que Tatiana de Francqueville, directrice du développement de Global média santé (groupe éditeur d’Egora), explique par « une plus forte proximité des infirmières avec les patients au moment des soins. Ce qui fait qu’elles souffrent le plus de la qualité des soins. » Une note tout aussi moyenne également de la part des étudiants en médecine (6,71/10) et en soins infirmiers (5,28/10) qui ont participé au baromètre.

La situation s’est d’ailleurs dégradée au cours des cinq dernières années, estiment 88 % des répondants (77 % des médecins et 92 % des IDE en exercice), avec un pic en Bretagne, « région plus militante et revendicatrice » (90 %). Trois principaux facteurs ont un impact sur la qualité des soins : la surcharge de travail et/ou le manque de personnel, les contraintes imposées par des administrations et autorités, et le manque de moyens financiers.

(extrait du baromètre 2018 : la qualité des soins vue par les médecins et les infirmiers)

Au niveau individuel, l’enquête révèle que les deux facteurs qui touchent la qualité des soins sont les conditions matérielles de travail (2,45/7 pour les infirmières) ⁽¹⁾ et le moral et le bien-être (2,92). « La qualité de vie au travail a un impact majeur sur la qualité des soins. On observe une perte du sentiment d’accomplissement personnel », note Tatiana de Francqueville. Des chiffres largement confortés par les résultats du 1^er baromètre du moral des professionnels de santé mené par 360 medics fin 2017. 

En revanche, malgré cette dégradation de la qualité des soins, 96 % des répondants disent s’engager en faveur de la qualité et de la transmission des informations patients. Au niveau individuel, 79 % des médecins et 74 % des infirmières estiment s’être engagés personnellement, sur ces dernières années. « Les soignants estiment qu’ils doivent palier cette situation de dégradation par un engagement personnel plus important pour conserver la qualité des soins », poursuit la directrice du développement de Global média santé. « Notre système de santé est en train de s’effondrer, analyse Grégoire Pigné, médecin et créateur de l’application 360 medics, et ce, malgré un investissement plus important des soignants. Pourquoi ? Trop de travail, trop de contraintes… »

Karen Ramsay

1. Enquête réalisée auprès de 2 697 professionnels de santé exerçant en France. 951 médecins ou futurs médecins et 1 217 infirmiers ou futurs infirmiers ont été conservés pour l'analyse, soit 2 210 répondants, dont 1 766 professionnels en exercice.
2. Plus le score est petit, plus le facteur a un impact considérable.