Les bénévoles sages-femmes, infirmières, psychologues, médecins et médiateurs de santé de l’Association pour le développement de la santé des femmes (ADSF) ont aidé quelque 700 femmes d’Île-de-France en situation de précarité en 2017. Un accompagnement déterminant pour l'accès à la santé.
« C’est la capacité d’accompagner les femmes qui détermine leur accès ou non à la santé, résume Nadège Passereau, déléguée générale de l’Association pour le développement de la santé des femmes (ADSF). Certaines, arrivées en France depuis un an peuvent ainsi avoir des droits ouverts, alors que d’autres installées depuis cinq ans n’en auront pas. » Ainsi, parmi les 709 usagères de l’association accompagnées en 2017, 53 % bénéficiaient d’une situation administrative autorisant l’accès aux soins (mais 83 % de celles vivant dans la rue n’avaient aucun droit ouvert).
L’ADSF part à la rencontre de femmes en précarité, qu’elles vivent dans des bidonvilles, des hôtels sociaux, dans la rue ou le bois de Vincennes. Elle leur offre un accompagnement vers le système de santé de droit commun et prodigue directement des soins, des consultations gynécologiques et des entretiens psychologiques. Quelque 11 % des femmes rencontrées sont enceintes. Plus de 60 % n’ont pas eu de suivi gynécologique depuis plus d’un an (92 % pour celles vivant dans la rue).
Un tiers environ de la file active est constituée de femmes en errance, l’autre de femmes hébergées en hôtels sociaux. « < i>Celles-ci sont souvent logées dans des zones de grande banlieue, où elles souffrent d’un isolement qui rend difficile leur autonomisation et engendre de grandes souffrances psychologiques », souligne Nadège Passereau. 25 % sont issues des communautés roms vivant en bidonvilles et quelque 7 % sont des victimes de la traite des êtres humains. L’ADSF accueille également des femmes orientées par les associations intervenant dans les camps de migrants. Elle s’y rendra elle-même prochainement grâce à son « frottis truck », le camion équipé qui lui permet de réaliser des consultations gynécologiques et des entretiens sur place.
Toutes sont évidemment concernées par les questions de contraception. Les femmes sans couverture sociale n’utilisent majoritairement aucune contraception, comme 62 % de celles suivies par l’ADSF. Seules 7 % des usagères prennent la pilule et 9 % ont un dispositif intra-utérin.
Mais l’association s’étonne du recours dominant à l’usage de l’implant pour les femmes rencontrées dans des bidonvilles. « Est-ce bien leur choix, ou celui des équipes médicales qui les ont accompagnées au préalable ? interroge Nadège Passereau. Elles nous demandent souvent un changement de mode contraceptif en raison des effets secondaires. »
Sandra Mignot