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À l’issue d’une grande enquête menée auprès de 11 276 personnes (personnels, patients et étudiants), les Hospices civils de Lyon ont déterminé les grandes lignes des comportements liés au tabagisme, qui permettront, par la suite, la mise en place d’un programme de lutte anti-tabac à l’échelle de l’institution.
Le 23 novembre dernier, à l’occasion du Mois sans tabac, les Hospices civils de Lyon (HCL) diffusent une enquête par questionnaire écrit. « Nous avons décidé d’enquêter auprès de toutes les personnes présentes ce jour-là, non seulement les personnels des HCL, soignants ou non, mais aussi tous les étudiants en santé, et tous les patients présents », explique le Pr Sébastien Couraud, pneumologue et médecin coordonnateur de l’étude. Le questionnaire, tiré à 30 000 exemplaires, est distribué dans tous les hôpitaux des HCL, mais aussi dans les sites administratifs, techniques, logistiques (cuisine centrale, pharmacie centrale, siège, etc.), ainsi que dans les écoles et les facultés. Plus de 12 000 questionnaires ont été retournés et, après avoir écarté ceux qui mentionnaient un refus de participer, 11 276 questionnaires ont été analysés. « Nous avons obtenu un excellent taux de réponse, de 52 % chez les patients, 52 % chez les personnels, et 41 % chez les étudiants », indique le Pr Couraud.
« Les résultats montrent que le tabagisme des soignants et des étudiants est plutôt inférieur à la moyenne nationale (1) », analyse-t-il. Ainsi, chez les femmes, la proportion de fumeuses est de 23 % parmi le personnel et 26 % chez les étudiantes, contre 31 % au niveau national. Chez les hommes, 30 % des personnels et 26 % des étudiants sont fumeurs contre 38 % en France. « Un gros quart des personnels et des étudiants sont fumeurs », note-t-il.
Parmi les facteurs de risque identifiés : l’âge (plus on est jeune, plus on fume) mais aussi la catégorie sociale. « On se rend compte que les personnels de catégorie C sont beaucoup plus volontiers fumeurs que les catégories A », remarque le Pr Couraud. Parmi les paramédicaux (infirmières, aides-soignantes, ASH et cadres de santé), 25,6 % des 3 659 répondants sont fumeurs. Parmi les médecins, pharmaciens et dentistes, la proportion de fumeurs est de 17,3 %, tandis qu’elle atteint 46 % chez les personnels techniques et logistiques. L’étude montre aussi que les étudiants en études paramédicales ont trois fois plus de risques d’être fumeurs que les étudiants en médecine. « Autre élément intéressant, le personnel de nuit a 1,5 fois plus de risques d’être fumeur, à âge égal », ajoute-t-il.
L’objectif des HCL est à présent de mettre en place une politique de prévention dans ses établissements. Baptisée COLT (Comité de lutte contre le tabac), elle comprendra des actions auprès des personnels et des étudiants, auprès des patients, et au niveau de l’institution (à retrouver dans le numéro de juillet/août de L’Infirmière magazine). Une nouvelle enquête sera menée dans cinq ans pour vérifier l’impact de ces mesures.
(1) Pasquereau A et al. Groupe Baromètre Santé 2016. BEH. 2017;12: 214-222
Anne-Gaëlle Moulun