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À l’occasion de son congrès annuel, du 3 au 6 juin à Bordeaux, le Secrétariat international des infirmiers et infirmières francophones a tenté d’amorcer une définition plus précise du dispositif et de considérer son développement dans la Francophonie.
Infirmière de pratique avancée ? Diane Morin, infirmière, professeur émérite de la Faculté des sciences infirmières de l’université de Laval (Québec) et consultante experte au Sidiief, tente de trouver un consensus autour de la définition car, selon les pays de la Francophonie, plusieurs termes sont utilisés pour parler de la même fonction : infirmière clinicienne, clinicienne spécialisée, consultante… Premier constat donc : une mise en commun doit rapidement être organisée. Mais quelque soit le mot choisi, l’IPA devra porter au minimum six compétences : la pratique clinique directe experte ; la consultation, la guidance et le coaching ; le leadership clinique, professionnel et systémique ; la pratique basée sur des preuves issues de la recherche et sur des conceptions infirmières ; la collaboration, notamment interprofessionnelle, et enfin, la prise de décision éthiquement éclairée.
Pour Diane Morin, l’IPA ne peut s’envisager que dans un système où les soins de base sont déjà bien pris en charge… Et rappelle que les effets bénéfiques des interventions en pratique avancée, qu’ils soient génériques ou spécifiques, commencent à être bien décrits et évalués (1). Il est donc urgent de les faire connaître pour que cette pratique se développe au point de renverser les conservatismes et tous les facteurs contraignant son développement. Cependant, estime-t-elle, l’absence de solution et de chemin tout tracé, loin d’être un frein, doit être précisément la norme pour les futures IPA qui devront être des leaders capables de transformer la réalité et de trouver des réponses aux problèmes complexes qui se présentent.
Lors de la table ronde animée par Gyslaine Desrosiers, présidente du Sidiief, des représentants infirmiers ont fait le point sur le développement de l’IPA au sein de la Francophonie. Si le concept commence à se développer en Suisse, en Belgique, au Bénin, au Canada et en France, son déploiement reste encore balbutiant, notamment parce que l’universitarisation est encore en cours. Exception notable pour le Bénin où la pratique avancée est en bonne voie, car les masters de sciences infirmières existent depuis 2015, a confié son représentant, André Otti, administrateur et gestionnaire de service, programme et projets de santé pour l’Institut national médicosanitaire.
Si pour l’heure, en France, le décret devrait paraître fin juin, la reconnaissance qui sera liée à ce statut, elle, est encore à négocier.
Olivier Blanchard
1. Ingersoll et al., 2000 ; Kleinpell, 2013 ; Hamric et al, 2014