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Au congrès du Sidiief, à Bordeaux, une table ronde s’est penchée sur la question de la formation universitaire. Le développement de ces programmes dans la discipline infirmière est-il possible ou remis en question ?
Plus de cinq ans après la Déclaration de Genève en faveur de la formation universitaire pour les infirmières, et alors que seule la formation universitaire pourra diplômer des infirmières de pratique avancée, où en sommes-nous et où allons-nous ? C’est la question qui a animé l’un des « carrefours des grands enjeux » au congrès du Sidiief (Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l'espace francophone), à Bordeaux… et qui se pose au Liban depuis 1905, date à laquelle les premiers échelons universitaires ont été créés, confie Rima Sassine-Kazan IDE et doyen de la faculté des sciences infirmières de l’université Saint Joseph. Et si ces études universitaires sont appelées à se développer, la question de la formation des formateurs doit encore être évoquée. Cependant, plusieurs éléments positifs – comme la création de l’Ordre infirmier libanais en 2002 ou le projet de la mise en place d’une accréditation des pratiques de formation dans tout le monde arabe – semblent porteurs d’espoirs, note l’IDE.
Dieudonné Soubeiga, directeur de l’Institut de formation et de recherche interdisciplinaires en santé au Burkina Faso, indique que la formation universitaire des infirmières existe depuis cinq ans : « L’accouchement s’est fait dans la douleur mais le bébé grandit vite », a-t-il lancé. Et ce, bien qu’elle ait fait face, comme partout, à la résistance médicale et au problème de la formation des formateurs… Pour passer ce cap, le pays a pu cependant s’appuyer sur le soutien logistique et financier du Canada qui a formé 300 étudiants en quatre ans, et subventionné, à hauteur d’un million d’euros, le programme de mise en place du doctorat.
En France, si le parcours universitaire tarde à se dessiner, il ne manque pas d’ambition, estime Martine Sommelette, infirmière, directrice des soins et présidente du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec) : « Impossible n’est pas français », s’est-elle exclamée. L’idée, née en 2009 – alors que les accords de Bologne, qui visent à harmoniser les formations universitaires dans l’ensemble de l’Union européenne, datent, eux, de 1999 – a connu de nombreuses étapes jusqu’en mars dernier, où un groupe de travail a été mis en place, piloté par Stéphane Le Bouler à la demande d’Agnès Buzyn, pour des premiers résultats en septembre prochain. « On y travaille, et même beaucoup… Comme quoi, le développement est possible même s’il est long ! », se réjouit-elle.
Quid du financement des formations universitaires ? Gyslaine Desrosiers, présidente du Sidiief et ancienne présidente de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, a rappelé que l’OIIQ avait embauché des économistes pour faire avancer leur cause. Mais elle reconnaît avoir « péché par naïveté » car malgré les arguments d’économies au long terme, notamment par la qualité des soins liée avec la formation universitaire, les politiques n’ont pas accédé à leurs demandes. Elle appelle donc les IDE à se former au plus vite à la pensée politique et à faire preuve de plus de solidarité. « Avancer, ce n’est pas mépriser le passé ! Nous ne sommes pas là pour critiquer ce qui a été fait mais pour construire une nouvelle formule pour les générations futures », exhorte-t-elle.
Olivier Blanchard