Sondage : Infirmières trop débordées pour bien soigner

Deux tiers des personnels hospitaliers estiment ne pas avoir le temps d’effectuer l’ensemble de leurs tâches professionnelles et plus de neuf soignants sur dix ont l’impression que leur charge de travail ne fait que s’alourdir. C’est le constat alarmant qui ressort du deuxième baromètre « Carnet de santé des Français et des personnels hospitaliers », réalisé par Odoxa pour la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH), dont les résultats ont été dévoilés le 18 juin. Résultat : un taux de satisfaction au travail de 56 % parmi les hospitaliers, contre 79 % de moyenne nationale.

La peur de l’erreur

« Le manque de temps est une explication essentielle de la souffrance au travail des soignants, analyse Philippe Denormandie, directeur relations santé à la MNH. Ils veulent du temps pour améliorer leurs relations avec leurs patients. Cela tombe bien car c’est justement le manque de temps que leur consacrent les soignants que les patients reprochent à notre système hospitalier. » En effet, à l’hôpital, le temps passé auprès des patients ne représente qu’un peu plus de la moitié du travail effectif et 70 % des personnels estiment qu’ils n’ont « jamais », « rarement » ou seulement « parfois » du temps pour leur parler. Quant à la prévention et l’éducation thérapeutique, un sur deux (49 %) estime ne « jamais » ou « rarement » en faire. Conséquence de cette course permanente : l’angoisse de faire des erreurs, pour plus de la moitié des soignants.

Comment gagner un peu de ce précieux temps, quand on sait que 81 % des personnels hospitaliers considèrent que leur direction ne se préoccupe pas de leur volume de travail ni de sa répartition ? « Il faudrait soulager les soignants d’un maximum de contraintes administratives [principale source de temps perdu pour 52 % d’entre eux], explique Philippe Denormandie. L’étude montre aussi que les nouvelles technologies, la e-santé, l’IA… constituent autant de pistes. » La majorité des personnels hospitaliers (54 %) préconisent, eux, l’embauche de nouveaux collègues pour faire face à la charge de travail.

Hélène Colau