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Une épidémie exceptionnellement longue et un nombre record de cas graves enregistrés. Tel est le constat du bilan de l’épidémie de grippe dans la région Auvergne Rhône-Alpes, dévoilé lors d’une journée régionale de prévention du risque infectieux en Ehpad organisée par le Centre de prévention des infections associées aux soins.
« L’épidémie de grippe 2017-2018 a été précoce. Elle a démarré en semaine 51 et elle a été exceptionnellement longue, puisqu’elle a duré 14 semaines dans la région et 16 semaines au niveau national, explique Guillaume Spaccaferri, épidémiologiste chez Santé publique France, cellule Cire (Cellule d’intervention en région) Auvergne Rhône-Alpes.C’est l’épidémie la plus longue jamais recensée », commente-t-il.
L’impact a été relativement modéré en médecine ambulatoire, puisqu’un peu moins de 4 % de la population a consulté, ce qui est identique aux années précédentes. En revanche, l’impact a été très important au niveau de l’hôpital : 9 528 passages ont été enregistrés, contre 5 237 en 2015-2016 et 5 475 en 2016-2017. Une part d’activité importante a notamment été relevée chez les moins de 15 ans et les plus de 65 ans. Par ailleurs, 1 506 hospitalisations ont été enregistrées, avec un taux d’hospitalisation de 16 % après passage aux urgences. Quant aux cas graves de grippe, 404 ont été recensés : un record dans la région. Un premier pic a été observé au moment des vacances de Noël et un second mi-février.
Selon Guillaume Spaccaferri, l’impact de l’épidémie a été important sur les collectivités de personnes âgées. 224 cas groupés ont été observés, en deux vagues marquées. Lors de la première phase, c’est le virus A (H1N1) qui a été prédominant, tandis que dans la deuxième phase, c’est le virus B/Yamagata qui est devenu majoritaire. La couverture vaccinale a atteint 45,1 % en Auvergne-Rhône-Alpes, soit +0,3 % par rapport à 2016-2017. Dans les Ehpad, cette couverture vaccinale a atteint 84 % chez les résidents, contre 82 % la saison précédente. 26 % des personnels se sont fait vacciner contre 18 % en 2016-2017. « C’est toujours très bas, mais il y a une dynamique positive », conclut Guillaume Spaccaferri.
Quand l’Ehpad n’aide pas…La méthode Alarm est une analyse systémique a posteriori d'événements indésirables graves. Martine Lieutard, infirmière hygiéniste au sein de l’équipe mobile d’hygiène des Hospices civils de Lyon, l’a utilisée pour rechercher les causes favorisant le phénomène épidémique dans une structure de soins. L’analyse a été effectuée dans un Ehpad accueillant 73 résidents, et ayant connu une épidémie de grippe qui a touché 33 résidents et 3 professionnels. Parmi les causes immédiates, le taux de vaccination insuffisant a été mis en évidence, avec seulement 62 % des résidents et moins de 20 % des professionnels vaccinés. Par ailleurs, l’établissement était doté de masques inadaptés et en quantités insuffisantes. Un non-respect des consignes, une qualité du bionettoyage insuffisante, un retard dans le diagnostic de la grippe et un recours aux ressources tardif ont également été relevés. « La mise en évidence de facteurs contributifs qui ont favorisé la transmission du virus a permis de sensibiliser l'établissement à la nécessité d’anticiper le risque épidémique, d’appréhender une démarche de gestion des risques et de renforcer les actions de prévention », souligne Martine Lieutard. |
Anne-Gaëlle Moulun