05/07/2018

Qualité de vie au travail : un observatoire, pour quoi faire ?

Un Observatoire de la qualité de vie au travail des professionnels de santé a été installé, le 2 juillet, par la ministre de la Santé. Objectif : centraliser et diffuser l’information sur le sujet, notamment par l’organisation d’un colloque annuel. Des groupes de travail devraient aussi être mis en place fin octobre.

« Prendre soin de ceux qui nous soignent », qu’ils exercent en établissement, an ambulatoire ou en libéral. Tel est l’objectif qu’affichait, le 2 juillet dernier, le ministère de la Santé en lançant le nouvel « Observatoire de la qualité de vie au travail des professionnels de santé ». Une institution qui sera présidée par le Pr Philippe Colombat, professeur d’hématologie au CHU de Tours. « Le champ est immense et la page est blanche », commente ce PU-PH, par ailleurs auteur d’un livre sur la qualité de vie au travail. Il précise que l’observatoire comprendra douze membres (1) et fera appel à « des experts de terrain » pour couvrir tous les secteurs : hôpital, libéral, médico-social, formation… Leur mission : « Répertorier et rassembler tous les documents, textes officiels, rapports d’expériences de terrain, qui existent sur le sujet », indique Philippe Colombat.

Celui-ci précise que l’observatoire devra également émettre des recommandations pratiques. Il promet la mise en place de groupes de travail à cet effet « fin octobre », et insiste sur l’aspect opérationnel de sa mission. « Il faut que les gens puissent aller piocher dans cet observatoire l’information dont ils ont besoin », affirme-t-il.

La profession veut du concret

Et s’il ne veut pas décevoir la profession infirmière, Philippe Colombat a intérêt à tenir sa promesse d’un observatoire concret. « C’est une étape importante, mais est-ce suffisant ? Bien évidemment, non », estime Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI). Ludivine Gauthier, présidente de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi), est à l’unisson : elle salue la volonté affichée de prendre en compte les problématiques de formation, mais attend la suite avec une impatience non dissimulée. « Nous avons déjà mis en lumière ce qu’il fallait faire et nous sommes dans l’étape d’après », affirme-t-elle, citant notamment la nécessité pour les tuteurs d’avoir le temps matériel d’encadrer les étudiants. Et Nathalie Depoire de trancher : « Cela fait bientôt deux ans que Marisol Touraine (ancienne ministre de la Santé, NDLR) a lancé ce chantier… J’espère qu’on ne va pas devoir attendre encore deux ans pour avoir des mesures concrètes ».

Adrien Renaud

Composition de l’Observatoire

- Dr Bruno Bally, adjoint à la mission sécurité des patients de la HAS
- Matthieu Sibe, directeur-adjoint de l’institut de santé publique, d’épidémiologie et de développement à l’université de Bordeaux
- Pr Jean-Marc Soulat, président du collège des enseignants de médecine du travail, chef du pôle santé publique et médecine sociale au CHU Toulouse
- Gladys Lutz, docteure en psychologie du travail à Paris
- Alice Casagrande, directrice de la formation et de la vie associative à la Fehap
- Pr Eric Galam, responsable du DIU « Soigner les soignants », professeur associé en médecine générale à l’université Paris-Diderot
- Dr Donata Marra, psychiatre
- Katia Kostulski, professeure des universités en psychologie au CNAM
- Loïck Roche, directeur général de l’école de management de Grenoble
- Paula Cristofalo, sociologue, maître de conférences à l’EHESP
- Renaud Crespin, chargé de recherche au CNRS et au centre de sociologie des organisations de Sciences Po Paris.

Les dernières réactions

  • 05/07/2018 à 12:48
    isa
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    "L'observatoire fera appel aux experts de terrain"...mais une fois de plus aucun paramédical ou cadre de santé n'entre comme membre à part entière dans la composition de cet observatoire !
    une nouvelle commission qui n'aboutira à rien...ou à des mesures décalées et inapplicables...dans l'attente du prochain gouvernement ??
  • 19/07/2018 à 09:48
    Loulou0710
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    "Qualité de vie au travail", laquelle ?? À qui va t'on poser les questions ? Aux responsables qui ont tellement peur de perdre leur place, et qui pratiquent la politique de l'autruche au moindre problème soulevé ?? Certainement pas aux soignants à bout. (Des emmerdeurs ceux là !) Aux petites nouvelles, qui craignent également pour leur poste?! Aux personnes qui surveillent que vos ongles sont bien coupés, mais qui "oublient" que le médicament prescrit n'est pas disponible avant... Voilà 20 ans que je suis infirmière, et voilà 10 ans environ que je n'éprouve plus de plaisir, de joie à venir travailler : les responsables n'en ont rien à faire de nous, des patients, nous ne parlons pas la même langue, le soignants parle de "patients", le responsable, les directions répondent "budget". Tu pars 10 minutes en avance ? Tu voles l'entreprise !! Oui mais hier j'ai fait une heure de plus, ah? On s'en fout de ça ? Ok. Mais quelle qualité de vie au travail, moi, je me sens "fliquee" en permanence, critiquée, il faut se taire et être content ! Encore quelque chose qui ne servira à rien...
  • 10/11/2018 à 15:40
    Enirok
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    Effectivement, la souffrance au travail est un problème de santé publique. La mise en place d’un observatoire est la preuve qu’on a pris conscience du problème ! C’est vrai, les soignants sont en souffrance, je soulignerais tous les soignants et les autres professionnels (administrative, logistique...) également ! Il ne faut pas oublier que quand on entends « il faut supprimer des fonctionnaires », ce sont ceux-là qui sont en premier dans le collimateur ! Les soignants sont pour le moment moins concernés. Par contre, je remarque comme Isa, aucun représentant infirmier ou aide-soignant ! Un grand nombre de médecins politiquement engagés mais non représentatifs des professionnels de terrain ! La logique médicale est très différente de la logique paramédicale ! Grosse erreur de casting ☹️ Dommage

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