26/07/2018

Trudy et Gloire

JOUR-J : ÉPISODE 2

Les portes sont franchies et les premiers pas réalisés sans perte d’équilibre. Sarah et son invitée réprouvée, Gertrude, vont découvrir le service de chirurgie digestive et gynécologique. Huguette, la cadre du service, l’accompagne lors de cette première approche délicate…

Huguette affichait un sourire aussi lumineux que le phare de Cordouan, le « Versailles de la mer ». Elle reprit :

- Tenez, voici vos tenues de travail, dit-elle en me tendant une pile de blouses blanches étiquetées à mes nom et prénom.

Euh, attendez, y a comme un problème. C’est écrit Sarah Mimare mais il manque Gertrude ! Vous l’avez oubliée, je crois ? Je gardai cette réflexion pour moi…

- Merci. Où puis-je me changer ?

- Dans la lingerie, je vais vous montrer où elle se trouve. Ce soir, vous pourrez vous rendre au vestiaire au sous-sol. Votre casier est le numéro 111.

Elle était dynamique et sûre d’elle. Je me demandais si on lui avait appris cette habileté relationnelle à l’école des cadres ou si elle avait toujours été comme cela. La confiance en soi relève-t-elle de l’inné ou de l’acquis ? Pour ma part, elle apparaissait ou disparaissait au gré de mes rencontres et des situations. Ce jour-là, elle était clairement restée au fond de mon lit. Et pour tout dire, j’aurais préféré l’avoir elle à mes côtés, plutôt que Trudy l’invalidante.

                    « La confiance en soi relève-t-elle de l’inné ou de l’acquis ? 
                      Ce jour-là, elle était clairement restée au fond de mon lit »

- Ensuite, vous reviendrez me voir et je vous présenterai l’infirmière qui vous formera pendant deux semaines. Charlène est dans le service depuis quatre ans. Tenez, voici votre planning, vous aurez le même emploi du temps que votre référente pendant la durée de votre formation, me dit-elle en tendant une feuille quadrillée.

- Merci, répondis-je en la suivant vers la lingerie.

Peu loquace la Sarah, me disais-je en enfilant ma nouvelle tenue de travail.

Il va falloir se montrer un peu plus dynamique et prouver à ta chef qu’elle a eu raison de te recruter toi plutôt qu’une autre, ma fille. Alors, adieu Gertrude, va faire une pause clope et bonjour Gloire, tu seras ma meilleure amie aujourd’hui !

Après m’être changée, Huguette me fit visiter rapidement le service : la salle de soins, l’office, la réserve et le bureau de Bernard Perrot, le chef de service. L’unité venait d’être refaite à neuf. Tout était beau, moderne et propre.

- Nous avons quatre internes à chaque semestre. Ils font les visites dès 7 h pour être prêts à descendre au bloc dès 8 h. Les chirurgiens titulaires ne passent dans le service qu’en cas de besoin. Êtes-vous susceptible, Sarah ?

- Euh non…

Oui. Enfin, je ne sais pas. Ça dépend. C’est une question piège ? C’est quoi le rapport avec la visite du service ?

- Tant mieux, parce qu’il va falloir faire avec les caractères de chacun et en général, les chirurgiens n’aiment pas évoluer en dehors de leur univers…

- Et un service de chirurgie n’est pas à proprement parler leur lieu de prédilection ?

Elle me regarda d’un air surpris. Peut-être aurais-je mieux fait de me taire sur ce coup-là...

- Eh bien non, c’est le bloc…

               « Il va falloir faire avec les caractères de chacun et en général, 
              es chirurgiens n’aiment pas évoluer en dehors de leur univers… »

Bingo Sarah, tu viens de passer pour une cruche fendue qui laisse s’échapper une ignorance visqueuse par ses fissures.

- Bien sûr, évidemment…

- Ah, voilà votre coach ! s’exclama soudainement Huguette. Charlène, voici Sarah Mimare. Vous l’encadrerez pendant quelques jours, le temps qu’elle prenne ses marques.

Puis, se tournant vers moi, elle ajouta :

- Profitez-en Sarah. De nos jours, c’est un luxe d’être encadrée pour ses premiers jours. Vous avez peu de temps pour apprendre à être opérationnelle et efficace, alors mettez cette période à profit et exploitez-en les moindres ressources.

Eh bien, ça promet, je n’ai pas du tout la pression, mais alors PAS DU TOUT !

C’est parti pour le grand concours de mémoire qui consiste à retenir tous les prénoms.

Je me tournai vers mon infirmière référente et lui souris en répétant son prénom en boucle dans ma tête pour être sûre de le retenir.

Charlène, Charlène, Charlène, Charlène, Charline…raté…

Lisa Marconet
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Épisode 2, la semaine prochaine !

       
       (Illustrations : Héloïse Chochois)

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