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Les trois syndicats d’infirmiers libéraux qui négocient, depuis un an, une série d’avenants à leur convention avec l'Assurance maladie, ont annoncé, ce 11 juillet, qu'ils abandonnaient la partie. En cause, le comportement de Nicolas Revel, patron de la Sécu, qui montre, selon eux, bien peu d'entrain pour ces discussions.
Ce 11 juillet devait marquer la fin d'une négociation entamée il y a plus d'un an pour parvenir à modifier la convention des infirmières libérales, selon un calendrier gravé dans le marbre du dernier avenant signé en novembre dernier. Mais ce matin, les trois syndicats représentatifs des Idel – Fédération nationale des infirmiers (FNI), Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) et Convergence infirmière (CI) – ont claqué la porte au nez de Nicolas Revel, directeur de l'Assurance maladie, déclarant, dans un communiqué commun, qu'ils refusaient « de poursuivre la mascarade » des négos.
Il faut dire que Nicolas Revel n'a rien fait pour arrondir les angles. On se souvient qu'en juin dernier, à la suite d'une réunion houleuse en raison du chiffrage et du calendrier des mesures présentées par le patron de la Sécu, celui-ci devait faire de nouvelles propositions... que les syndicats n'ont jamais reçues. Ils devaient, en revanche, les découvrir aujourd'hui, lors de l'ultime séance de négociations conventionnelles.
« Il a mis les trois présidents devant le fait accompli, résume Philippe Tisserand, président de la FNI. Il savait que nous n'étions pas en position de signer des propositions sans avoir la possibilité de nous retourner vers nos conseils d'administration, et pensait s'en tirer avec un nouveau calendrier. » Sauf que de nouveau calendrier en nouveau calendrier, ces négos commençaient à s'étirer comme du chewing-gum. « On a un peu l'impression d'être des laissés-pour-compte », commente avec amertume Ghislaine Sicre, présidente de Convergence infirmière.
La décision de quitter la table des négos a été renforcée par les concessions que, d'après la FNI, le gouvernement s'apprête à faire à aux pharmaciens dans un décret qui doit sortir avant le 15 juillet. Leurs prérogatives, notamment en matière de suivi des patients à domicile, pourraient, en effet, être étendues. Ce qui déplaît fortement aux Idel : le circuit du médicament est justement l'un des sujets chauds des négos, car les « mesurettes » de Nicolas Revel « se limitent, en ce qui concerne le médicament, à la création d’une visite de médication infirmière dont seraient exclues les personnes dépendantes », explique le communiqué des syndicats. Ces derniers en appellent donc à un arbitrage en haut lieu, et demandent au Premier ministre de trancher.
Et quand on demande à Philippe Tisserand si une grève est possible, il n'écarte pas, pour une fois, la possibilité : « Pourquoi pas, même si je ne sais pas quelle forme elle pourrait prendre. » La rentrée risque d'être chaude.
Adrien Renaud