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Le Groupement hospitalier de territoire (GHT) Psychiatrie Nord-Pas-de-Calais réclame la création d’une quatrième année de spécialisation des infirmières en psychiatrie, afin de faire face à l’évolution de l’exercice du métier. Une demande adressée fin juin au ministère de la Santé.
L’évolution de la prise en charge des patients dans le champ de la psychiatrie a conduit le GHT Psychiatrie Nord-Pas-de-Calais, qui emploie 2100 infirmières au sein de quatre établissements, à revendiquer la création d’une quatrième année de spécialisation des infirmières en psychiatrie pour combler les lacunes des soignants exerçant dans le secteur.
Pour justifier sa demande, le GHT explique que les prises en charge dans le champ de la psychiatrie et de la santé mentale, ainsi que l’organisation des soins sur le territoire, ont profondément évolué : déstigmatisation croissante de la discipline, prises en charge « hors les murs », essor considérable du virage ambulatoire ou encore, développement d’interfaces avec le champ médico-social… Des évolutions qui se traduisent par une augmentation de la file active des patients pris en charge, une réduction « drastique » du nombre de lits d’hospitalisation au bénéfice de l’ambulatoire ou encore, une activité en hospitalisation « plus concentrée » sur des cas par nature plus complexes.
L’exercice du métier d’infirmier s’en trouve directement affecté car les soignants ont dû accompagner une psychiatrie « plus active », technique et ouverte, alliant transversalité et diversification des acteurs du champ sanitaire, social, médico-social, sans oublier la place considérable des représentants des usagers, des associations et des familles.
Face à la complexification du métier, « aujourd’hui, force est de constater que nos professionnels infirmiers souffrent d’un défaut de formation initiale pour accompagner ces évolutions majeures », explique la direction générale dans son communiqué. Les conséquences peuvent être graves au niveau de la qualité et de la sécurité des soins dispensés aux patients, mais aussi pour les professionnels de santé insuffisamment formés aux différentes symptomatologies cliniques rencontrées. Pour compenser ces lacunes, les établissements mettent en place des formations continues ou des tutorats, qui ont leur limite en termes de coût et d’inégalité d’organisation en fonction des établissements.
Face à cette situation, « il devient urgent de renforcer la formation initiale des infirmières par une quatrième année de spécialisation pour celles appelées à exercer dans le champ de la psychiatrie et de la santé mentale, eu égard aux spécificités reconnues de cette discipline médicale », conclut la direction.
Pour Jean-Paul Lanquetin, infirmier de secteur psychiatrique, fondateur du Groupe de recherche en soins infirmiers et membre du Centre ressources métiers et compétences (CRMC) en psychiatrie, cette demande est légitime et ce depuis 25 ans. « Il s'agit d'une demande récurrente des associations professionnelles des infirmiers en psychiatrie, mais cela n'a jamais abouti, regrette-t-il. Depuis la suppression du diplôme dédié en 1992, nous avons perdu 94 % des contenus en formation initiale, ce qui a évidement des conséquences aujourd'hui. » De fait, selon l'infirmier, des compétences généralistes fondamentales sur le cœur du métier sont à acquérir, tout comme des compétences spécialisées pour répondre à l'évolution de la pratique et de la prise en charge.
Laure Martin