© Laëtitia Bonnet
Depuis fin 2016, un atelier d’imprimantes 3D, installé au centre de réhabilitation psycho-social de la Tour de Gassies, à Bruges, permet à des patients présentant des troubles psychiatriques de créer des objets utiles à des patients handicapés moteur. Un dispositif récompensé au dernier prix Hélioscope-GMF 2018.
L’idée revient au Dr Geoffroy Couhet, psychiatre responsable du Pôle de réhabilitation psychosociale et passionné d’informatique. Fin 2016, le Centre de réhabilitation psycho-social (CRPS) et le service de médecine physique et réadaptation (MPR) de la Tour de Gassies, à Bruges dans l’agglomération bordelaise, ont mis en place un atelier réunissant des patients souffrant de schizophrénie ou de troubles bipolaires, et du personnel médical et paramédical autour de projets à réaliser sur des imprimantes 3D. Ainsi, en fonction des demandes recueillies auprès des ergothérapeutes du centre voisin de rééducation fonctionnelle, une dizaine de patients conçoivent, modélisent puis produisent des objets ou dispositifs utiles à des patients souffrant d’handicap moteur : jetons pour travailler la motricité fine, crochets d’auto-sondage, fourches permettant d’actionner plus facilement le joystick du fauteuil électrique… Les patients peuvent également avoir des requêtes individuelles, tel un porte-stylet ou un support de télécommande.
L’atelier comprend une pièce dédiée à la modélisation 3D sur logiciel, et une autre dans laquelle se trouvent six imprimantes 3D. Lionel Delort, l’animateur, est présent tous les jours. Le mercredi, patients et soignants (infirmière, ergothérapeute et médecin) se retrouvent pour faire le point sur les réalisations en cours, les besoins et les futurs projets. « À travers ce regard interdisciplinaire, nous mesurons l’évolution de la confiance en soi du patient. Ce travail utile est en effet particulièrement renarcissisant », constate Phylicia Chan-Po-Woo, infirmière au CRPS depuis un an. Celle-ci devrait se joindre aux réunions à partir de septembre, en remplacement d’une autre infirmière.
« Il ne s’agit pas d’un atelier occupationnel. Cela implique des exigences, un engagement régulier, parfois des délais à respecter… On positionne les patients dans une situation de travail collectif. Nous travaillons sur l’organisation du poste, le rangement, sur les difficultés cognitives, l’attention… Les résultats sont très positifs sur la confiance en soi, notamment lorsqu’ils fabriquent les pièces et vont les livrer, souligne Sylvie Laporte, assistante sociale et animatrice sur l’atelier. Ils sont très autonomes, motivés, et reconnus par les équipes pour leurs compétences. Cela change le regard que l’on porte sur eux : la maladie n’est qu’un aspect de leur personnalité. » Et comme les commandes continuent d’affluer, les 7500 euros reçus grâce au prix Hélioscope-GMF 2018 permettront notamment d’acheter du matériel.
Texte et photos : Laëtitia Bonnet
Le Prix Hélioscope-GMFCe prix récompense chaque année les hôpitaux ayant réalisé une action « exemplaire » de coopération entre les différents services ou métiers de l’hôpital, au bénéfice du patient. Pour la 20e édition (2018), six établissements ont été récompensés. |