28/08/2018

Vaccination anti-grippale : permis de piquer pour tous ?

Dans un rapport rédigé à la demande du ministère de la Santé, la Haute Autorité de santé (HAS) préconise une extension et une harmonisation des compétences de tous les professionnels amenés à pratiquer la vaccination anti-grippale, y compris les pharmaciens. Un document qui ne fait pas que des heureux.

C'est ce qui s'appelle souffler sur les braises. Alors que les infirmières ont encore du mal à digérer l'autorisation faite aux pharmaciens d'officine de pratiquer la vaccination contre la grippe (actuellement expérimentée dans quatre régions avant une généralisation prévue pour 2019), la Haute Autorité de santé (HAS) a remis, courant juillet, un rapport qui risque de raviver les craintes de la profession. Sa préconisation phare : lever la plupart des limites à la vaccination anti-grippale pour l'ensemble des professionnels amenés à la pratiquer, qu'ils soient infirmiers, sages-femmes... ou pharmaciens.

Du point de vue de la HAS, la situation est en effet assez claire : la grippe représentait 41 000 passages aux urgences et 6 500 hospitalisations pour l'hiver 2016-2017, et on peut lui attribuer environ 9 500 décès par an. Face à ces chiffres, la couverture vaccinale stagne depuis des années autour de 45 % pour les populations à risque (personnes âgées de 65 ans et plus, femmes enceintes, patients atteints de certaines maladies chroniques...), alors que l'objectif fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est de 75 %.

Sus aux restrictions !

Pour tenter d'améliorer les choses, elle préconise donc de loger à la même enseigne tous les professionnels qui pratiquent aujourd'hui la vaccination anti-grippale, en leur permettant d'immuniser toute personne faisant partie de la population cible. Exit donc les restrictions qui empêchent actuellement les infirmiers et les pharmaciens participant à l'expérimentation de vacciner les femmes enceintes et les personnes n'ayant encore jamais été vaccinées, ou encore celles qui empêchent les pharmaciens de vacciner les personnes immunodéprimées ou sous anti-coagulant. Seule exception : les personnes ayant déjà présenté une réaction anaphylactique sévère à l'ovalbumine ou lors d'une précédente injection, qui devront, pour leur part, être adressées à un médecin.

Côté infirmier, on essaie de faire contre mauvaise fortune bon cœur. « C'est vrai que ce rapport donne aux pharmaciens une certaine légitimité à pratiquer la vaccination », concède Catherine Kirnidis, présidente du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil). « Mais il assied également notre légitimité dans ce domaine, et c'est quelque chose que nous revendiquons depuis longtemps… pas uniquement en ce qui concerne la vaccination antigrippale », ajoute-t-elle.

En effet, en plus du rapport sur la vaccination contre la grippe, la HAS doit remettre, au premier trimestre 2019, un rapport sur l'extension à d'autres professions des compétences en matière de vaccination pédiatrique. Les infirmières trouveront peut-être une consolation dans ce second rapport...

(Mise à jour précisée par le ministère, le 30/08 : "Le décret et l'arrêté permettant la mise en œuvre de cette préconisation sont en cours d’élaboration en vue d’une publication à la fin du mois de septembre afin de pouvoir rendre cette ouverture effective dès la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière 2018-2019.")

Adrien Renaud

Les dernières réactions

  • 29/08/2018 à 21:43
    annick005
    alerter
    Super je pense que les infirmières vont pouvoir vendre les vaccins et les pansements
    C’est dans la logique de le politique de santé !!

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