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Pour la Journée mondiale du syndrome d'alcoolisation fœtale du 9 septembre, l'agence sanitaire Santé publique France lance une campagne d'information qui durera tout le mois. Elle vise à promouvoir le principe de précaution concernant la consommation d’alcool pendant la grossesse.
« Toute consommation d’alcool pendant la grossesse est susceptible de présenter un risque pour le fœtus, imposant le principe de précaution “zéro alcool pendant la grossesse” », rappelle Santé publique France. « Cela fait trois ans que nous menons des campagnes sur le SAF », souligne François Bourdillon, directeur général de Santé publique France, qui publie pour la première fois une estimation nationale des troubles causés par l’alcoolisation fœtale diagnostiqués chez les nouveau-nés. « Notre souhait est de faire en sorte que l’épidémiologie induise la prévention. »
D’après les données de l’agence sanitaire, entre 2006 et 2013, 3207 nouveau-nés, soit une naissance par jour, ont présenté au moins une conséquence liée à l’alcoolisation fœtale, dont, pour 452 d’entre eux (soit une naissance par semaine), un SAF. Les données du Baromètre Santé 2017 publiées par Santé publique France, révèlent par ailleurs que les femmes interrogées, enceintes au moment de l’enquête ou mères d’un enfant de moins de 5 ans, sont près de six sur dix à avoir été informées des risques de la consommation d’alcool par le médecin ou la sage-femme les ayant suivies. Mais une femme sur dix a déclaré avoir consommé de l’alcool occasionnellement pendant sa grossesse.
Comme le rappelle François Bourdillon, « l’alcool traverse le placenta, le fœtus est donc imprégné par l’alcool qui lui est toxique ». « L’exposition prénatale à l’alcool est un facteur de risque majeur de développement de l’enfant », insiste le Dr David Germanaud, neuropédiatre à l’hôpital Robert-Debré (Paris). Parmi les conséquences observées : affectation de la croissance du massif facial, de la taille du cerveau, anomalie de fonctionnement, trouble du neuro-développement, de l’attention, du développement intellectuel, de l’apprentissage, du comportement ou encore de la régulation émotionnelle. « Tous ces troubles vont se manifester entre le milieu de la petite enfance et l’école élémentaire », précise le médecin.
Face à ces données, Santé publique France a orienté sa campagne annuelle autour de messages visant à valoriser l’auto-questionnement. Ils sont volontairement « empathiques et sans jugement ». La campagne média est complétée par un volet numérique et un relais auprès des professionnels de santé. Des outils informatifs vont être mis à disposition dans leurs salles d’attente.
Les femmes ayant des questions concernant leur consommation d’alcool au cours de leur grossesse peuvent se tourner vers Alcool info service, site qui dispose aussi d’un espace dédié aux professionnels de santé. « Ils sont les relais des messages de Santé publique France, mais ils doivent ensuite les individualiser en fonction de chaque profil de femmes », a conclu le Dr Germanaud.
Laure Martin