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Remis le 3 septembre, dans les locaux de l’ANSM, le rapport sur l’amélioration de l’information des usagers et des professionnels de santé sur le médicament a relevé divers manquements de la part des pouvoirs publics avant de formuler des préconisations. Une présentation suivie par l’annonce d’une série de mesures de la ministre de la Santé.
Peut mieux faire. La mission sur l’information sur le médicament – conduite par Gérald Kierzek, urgentiste et chroniqueur, et Magali Léo, responsable du plaidoyer de l’association de patients Renaloo – a jugé que la crise du Lévothyrox a « révélé de manière particulièrement aiguë les dysfonctionnements possibles en matière d’information et de communication ». Ils déplorent notamment l’absence d’anticipation et d’accompagnement des pouvoirs publics, la non-réaction face aux « nombreux signaux pourtant facilement capturables sur la toile », la forme du message qui a « prêté à confusion » ainsi que la communication de crise « artisanale et insuffisamment coordonnée » entre l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et le ministère de la Santé. Un diagnostic suivi d’une série de préconisations qui gardent l’ANSM au centre du jeu en en faisant « l’autorité de santé responsable de la communication sur le médicament ».
Une approche approuvée par la ministre de la Santé qui a immédiatement annoncé une série de mesures reprenant un certain nombre de propositions formulées par la mission. La première : mise en place d’une « source unique d’information publique sur le médicament » en s’appuyant sur le site Santé.fr et la base de données publique des médicaments. Agnès Buzyn souhaite également une meilleure coordination entre les prescripteurs et les pharmaciens à travers le dossier médical partagé (DMP) dont la généralisation devrait être annoncée en octobre.
En cas d’alerte sur un médicament, l’ANSM communiquera désormais en direction des professionnels de santé en son seul nom et non plus avec un courrier commun à l’industriel. Elle utilisera en particulier la messagerie DGS-urgent à laquelle seront intégrés l’ensemble des 564 000 professionnels de santé disposant d’un Ordre. La communication directe des laboratoires vers les patients a, quant elle, été clairement écartée.
La ministre a également regretté le faible taux de déclaration d’événements indésirables liés aux médicaments par les professionnels de santé tout en reconnaissant que le dispositif actuel est « fastidieux et chronophage ». Des leviers d’incitation sont actuellement à l’étude. Dans le même temps, elle a également admis que les autorités sanitaires sont encore très timorées à invertir les réseaux sociaux et se contentent trop souvent d’une communication « descendante ».
Elle a également indiqué vouloir étendre la prévention des liens d’intérêt, en particulier aux leaders d’opinion sur le web, et rendre effective la participation des associations de patients au sein du Comité économique des produits de santé (CEPS), l’instance chargée de négocier les prix des médicaments avec les industriels.
Véronique Hunsinger