17/09/2018

Pauvreté : le gouvernement veut lutter dès la crèche

Fortement attendue, la stratégie de lutte contre la pauvreté a été présentée par Emmanuel Macron le 13 septembre. Cinq engagements ont été pris, déclinés en mesures phares, dont deux concernent la petite enfance et l’enfance. Réactions.

« Nous ne sommes pas étonnés des mesures et de la façon dont la stratégie est déclinée, reconnaît Mireille Lachaud, responsable politique familiale au sein de la fédération Familles de France. Il y a beaucoup d’effets d’annonce car huit milliards d’euros, cela paraît beaucoup. Or, ce n’est que deux milliards par an, ce qui revient à environ 600 euros par enfants. Nous avons l’impression que financièrement, la stratégie n’est pas à la hauteur. » De son côté, Noëlle Buton, présidente de la Fédération nationale des associations pour la petite enfance (Fnappe), tempère. « Nous sommes globalement assez satisfaits de la stratégie de lutte contre la pauvreté car, enfin, la petite enfance est reconnue comme un élément important du parcours d’un enfant. Auparavant, le focus était fait sur les écoles, mais commencer au niveau des crèches, c’est une excellente chose. »

L’accueil dans les crèches, source de réduction des inégalités

Le premier engagement de la stratégie de lutte contre la pauvreté prévoit en effet « l’égalité des chances dès les premiers pas pour rompre la reproduction de la pauvreté ». L’accueil dans les crèches ou par les assistantes maternelles est reconnu comme un levier efficace de réduction des inégalités liées à l’origine sociale. Or, les enfants en situation de pauvreté ont un accès « beaucoup trop limité à ces modes d’accueil, individuels et collectifs. »

Aussi, la stratégie prévoit-elle un bonus « mixité sociale » dans l’accueil collectif pour 90 000 places, l’instauration du tiers payant du complément mode de garde courant 2019 pour l’accueil individuel, ainsi que la création de 300 crèches à vocation d’insertion professionnelle (AVIP) d’ici 2020. « Il est important de faciliter, pour les familles en difficulté, les entrées dans les structures, approuve Noëlle Buton. Mais il faut aussi faire attention à ne pas les stigmatiser. »

Un plan de formation et un nouveau référentiel pour les 600 000 professionnels de la petite enfance afin de favoriser le développement de l’enfant et l’apprentissage du langage avant l’entrée à l’école maternelle est également planifié.

Réduire le taux de privation matérielle des enfants

Le deuxième engagement vise à garantir les droits fondamentaux des enfants avec pour objectif de diviser par deux, d’ici 2022, le taux de privation matérielle des enfants pauvres. Une mobilisation spécifique pour lutter contre la présence d'enfants à la rue est envisagée dans le cadre du programme « Logement d’abord » et le plan de résorption des bidonvilles. Des mesures concrètes sont également prévues pour améliorer l’accès aux biens et services essentiels des enfants en situation de pauvreté, en particulier dans les champs de l’alimentation, de la santé, de l’accès à la culture, aux loisirs et aux vacances.

Parmi les mesures phares de cet axe : encourager dans les écoles les dispositifs de petits-déjeuners équilibrés pour tous. « Il faut le développer d’autant plus que l’Union européenne finance ces actions, souligne Mireille Lachaud. Dans certains quartiers, les enfants sont en surpoids. Il est important d’avoir des actions fortes sur l’alimentation et la prévention. »

Des maraudes mixtes État/aide sociale à l’enfance, spécialisées dans la protection de l’enfance vont également être mises en place. Elles seront mobilisées pour « aller vers » les familles avec enfants dans la rue et prévenir la mendicité. « Si c’est l’État qui le fait, davantage de solutions concrètes vont certainement être proposées pour sortir les familles de la rue, indique Mireille Lachaud. Mais l’État va devoir augmenter les financements des départements, car ces actions ne pourront pas se faire à moyens constants. »

Laure Martin

Les autres engagements

Trois autres engagements ont été pris par Emmanuel Macron :

- Un parcours de formation garanti pour tous les jeunes ;

- Des droits sociaux plus accessibles, plus équitables et plus incitatifs à l’activité ;

- Un investissement pour l’accompagnement de tous vers l’emploi.

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