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Le Conseil national de l’Ordre des infirmiers (CNOI) organisait, ce vendredi matin, un débat sur les infirmières de pratique avancée (IPA). L’occasion de faire un peu de pédagogie, mais aussi de mettre en lumière les interrogations qui subsistent sur le sujet.
« L’Ordre a quelquefois une image un peu surannée. » C’est par ces mots faussement timides que Patrick Chamboredon, président du CNOI, a ouvert la table-ronde qu’il accueillait ce matin au siège de son institution. Une timidité qui a rapidement volé en éclats lorsqu’il est entré dans le vif du sujet. Il est vrai que le débat portait sur les IPA, que beaucoup voient comme l’avenir de la profession.
L’Ordre a d’ailleurs fait les choses en grand, invitant la plupart des voix qui ont pesé sur la définition du nouveau statut. L’occasion d’apprendre de la bouche du Dr François Simon, président de la section « Exercice professionnel » du Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom), que les premières réunions avaient été « un peu houleuses ». En cause : les ambitions, trop importantes à son goût, que certains faisaient peser sur les épaules des futures IPA.
« On était partis sur des formations larges et approfondies, ce qui ne pouvait déboucher que sur quelque chose d’inadapté », s’est souvenu le médecin. Celui-ci s’est félicité d’avoir réussi à faire réduire le nombre de domaines d’intervention des IPA, qui sont au nombre de trois : pathologies chroniques stabilisées ou polypathologies courantes, oncologie, et maladie rénale chronique. Le Pr Antoine Tesnière, anesthésiste-réanimateur et conseiller scientifique au ministère de l’Enseignement supérieur, a par ailleurs indiqué que des discussions étaient très avancées pour qu’un quatrième domaine soit ouvert l’année prochaine « autour de la maladie mentale ».
Le PU-PH a également fièrement annoncé que les cursus d’IPA étaient pris d’assaut. « La plupart des universités sont obligées de refuser un certain nombre de candidatures », a-t-il révélé. Ce qui ne signifie pas que les heureuses élues verront s’ouvrir devant elles un avenir radieux. Le modèle économique de l’IPA reste en effet pour le moins brumeux, si l’on peut en croire les réponses évasives qu’a pu faire sur le sujet Guy Boudet, chef de bureau à la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) du ministère de la Santé. « Il faudra bien trouver un moyen de mieux les rémunérer », a affirmé le haut fonctionnaire. Comment ? Pour les futures IPA libérales, Guy Boudet n’a pu que renvoyer à des négociations conventionnelles actuellement bloquées. Et pour l’hôpital, il a promis des arbitrages « rapides ».
Autre incertitude : les stages pratiques que devront effectuer les IPA en formation. Puisqu’il s’agit d’un nouveau métier et que peu d’IPA se trouvent actuellement sur le terrain, qui encadrera les élèves ? « Ce sera dans un premier temps une collaboration entre infirmières et médecins », a assuré Antoine Tesnière, « et à terme, les IPA néo-formés deviendront enseignants eux-mêmes. » Bref, les IPA avancent… mais à petits pas.
Adrien Renaud