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L’Association nationale des puéricultrices diplômées et des étudiants (ANPDE) a publié, le 3 octobre, un livre blanc contenant 92 propositions pour faire évoluer la spécialité et garantir la santé des enfants. Les infirmières puéricultrices diplômées d’Etat (IPDE) demandent avant tout une valorisation de leurs compétences. Le point avec Charles Eury, président de l’ANPDE.
L'Infirmière magazine : Pourquoi ce livre blanc ?Charles Eury :
En début d’année, nous avons lancé une enquête pour dresser un état des lieux de la pratique car les IPDE exercent dans des secteurs variés et nous avions peu d’informations sur la qualité de vie et le bien-être au travail. Nous avons obtenu 2700 réponses sur 20700 IPDE. L’échantillon est représentatif, d’autant plus que des infirmiers de tous les secteurs d’activité ont répondu. Nous avons alors souhaité aller plus loin en nous servant des problématiques et suggestions des répondants pour proposer des évolutions pour la profession.
Quel constat est dressé ?
La profession veut avant tout une valorisation des compétences sur le terrain. Car aujourd’hui, elles le sont trop peu ou alors de manière informelle, au niveau local, en fonction du lieu d’exercice. Par ailleurs, les répondants font état d’une dégradation de leur qualité de vie au travail. Ils sont satisfaits d’exercer leur métier et de mettre leurs compétences au service des enfants, mais ils n’ont pas les moyens suffisants pour exercer. En secteur hospitalier, le problème financier est réel. Dans les services de néonatalogie, il y a aussi bien des infirmières puéricultrices que des infirmières non spécialisées pour s’occuper des enfants. Ce n’est pas possible. Nous ne revendiquons pas forcément des actes exclusifs mais nous voulons faire en sorte que nos compétences soient valorisées.
De quelle manière ?
En secteur hospitalier par exemple, nous voudrions que les enfants de moins de 6 ans soient exclusivement pris en charge par des IPDE car ils ont reçu une formation spécifique. Les enfants de moins de 6 ans ont des besoins trop particuliers pour qu’ils soient pris en charge par des professionnels n’ayant pas reçu une formation initiale solide.
Dans les protections maternelles et infantiles (PMI), chaque conseil départemental possède son propre fonctionnement, c’est un problème. Par exemple, dans certains d’entre eux, l’IPDE peut mettre en place des consultations de puériculture, de manière autonome, tandis que dans d’autres, elle ne peut travailler qu’en présence du médecin. De même, dans certains départements, les puéricultrices peuvent se déplacer à la maternelle pour réaliser les bilans des enfants de 3 à 4 ans, et orienter les parents tandis que dans d’autres, elles n’ont pas le droit de s’y rendre sans le médecin. Nous voudrions une harmonisation des pratiques et des compétences.
Autre exemple concernant les modes d’accueil des jeunes enfants : la loi dispose que le médecin référent doit faire un certificat de vie en collectivité pour les enfants de moins de quatre mois. Mais souvent ils ne sont pas disponibles. La réglementation n’est donc pas respectée car les certificats sont effectués par les médecins traitants qui n’ont plus le temps de les faire. Nous proposons qu’en complément des médecins référents, les puéricultrices puissent effectuer ces certificats afin de fluidifier le parcours de l’enfant.
Quelle est votre position sur la pratique avancée ?
Il s’agit d’une bonne avancée pour la profession. Mais la limite est que l’infirmière ne puisse pas être en première ligne. Il va aussi falloir s’interroger sur l’articulation des pratiques avancées avec les spécialités. Nous pouvons nous intégrer dans les pratiques avancées. En PMI par exemple, nous pourrions avoir des activités plus poussées sur le suivi de la famille par exemple, ou l’éducation thérapeutique avec la possibilité de prescription. Mais cela ne pourra pas se faire tant que la réingénierie de la profession n’aura pas été actée. C’est tout l’enjeu.
Propos recueillis par Laure Martin