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Treize syndicats et associations infirmiers, tous modes d’exercice confondus, appellent à une mobilisation nationale le 20 novembre. Objectifs ? Défendre un système de santé de qualité et, surtout, soutenir la place des infirmières dans la stratégie de transformation du système de santé.
« Nous sommes très fiers car c’est l’ensemble des syndicats infirmiers et des associations qui appellent à la mobilisation, souligne Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC). Il est très important de montrer l’unité de la profession face à l’oubli dont font l’objet les infirmières dans le plan “Ma santé 2022”. » Ce que dénoncent les syndicats et associations ? La vision médico-centrée du gouvernement « qui ne donne aucun moyen aux infirmiers, pourtant en première ligne pour relever ces défis ».
Côté hôpital, avec un Objectif national des dépenses d'Assurance maladie (Ondam) à 2,3 % en 2018, on a dû économiser 960 millions d’euros. « Quelles économies supplémentaires seront demandées en 2019 avec un Ondam à 2,5 % ? », se demandent les signataires (1) de l’appel à la mobilisation. « Tous les hôpitaux sont dans le rouge et mènent des plans d’économies, rappelle Thierry Amouroux. Comme les ressources humaines représentent 70 % du budget d’un hôpital, les conséquences se font ressortir sur les postes de soignants. Nous constatons une aggravation de la souffrance des professionnels et la baisse de la qualité des soins. » Et d’ajouter : « En parallèle, les médecins libéraux semblent faire pitié puisqu’on leur propose 4 000 postes d’assistants médicaux à hauteur de 50 000 par tête, financés par l’Assurance maladie pour plusieurs années. »
Les syndicats et associations infirmiers estiment qu’il aurait été plus cohérent de consacrer cet argent à la création de postes en Ehpad, à la réactualisation du décret d’actes et d’exercice des infirmiers datant de 2002, ou encore à la réingénierie du diplôme des infirmiers de bloc opératoire ou des infirmiers puériculteurs. « Le gouvernement crée un nouveau métier alors que les infirmiers salariés n’ont même pas été revalorisés », regrette Catherine Kirnidis, présidente du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil).
Parmi les autres points d’échauffement : le manque de considération du gouvernement vis-à-vis des infirmières libérales dans l’élaboration du Projet de loi de financement pour la sécurité sociale (PLFSS), qui n’offre des réponses qu’aux médecins, ou encore, la non-reprise des négociations conventionnelles pour les libéraux.
« Toute la question de la réorganisation des soins, avec le déploiement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et des hôpitaux de proximité, se fait sans nous, pointe du doigt Catherine Kirnidis. Nous sommes en première ligne pour la prise en charge des patients, mais on ne nous consulte pas malgré nos propositions. Nous sommes face à un immobilisme dans les négociations conventionnelles, nous ne comprenons pas pourquoi on ne tient pas compte de nos propositions. » « Dans le plan Santé, le seul moment où l’on parle des infirmières, c’est avec les pratiques avancées, mais il n’y en a que 300 en formation, rappelle Thierry Amouroux. A côté, il y a 600 000 infirmières de niveau licence. Ce n’est pas cette seule fonction qui répondra au besoin de reconnaissance des infirmières. »
Laure Martin
1. Association française des infirmiers de dialyse, transplantation et néphrologie (AFIDTN), Association nationale des puéricultrices(teurs) diplôm(é)s et des étudiants (ANPDE), Coordination nationale infirmière (CNI), Convergence infirmière, Fédération nationale des infirmiers (FNI), Organisation nationale des syndicats d'infirmiers libéraux (Onsil), Syndicat national des infirmiers anesthésistes (Snia), Syndicat national des infirmiers de bloc opératoire (Snibo), Syndicat national des infirmier(e)s conseiller(e)s de la santé (Snics), Syndicat des infirmier(e)s éducateurs en santé de l'éducation nationale (Snies), Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), Union nationale des associations d’infirmiers de bloc opératoire diplômés d’État (Unaibode).