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Après onze ans de conflit entre les syndicats de médecins et les représentants des infirmiers, le ministère de la Santé espagnol vient de promulguer le décret très attendu permettant aux infirmières de prescrire des médicaments.
Le décret, publié ce 24 octobre, est historique. Désormais, les infirmières espagnoles ont le droit de prescrire tous les médicaments qui ne nécessitent pas de diagnostic médical, comme les vaccins, mais aussi ceux nécessitant un diagnostic médical, selon les protocoles élaborés en concertation avec le corps médical et les autorités sanitaires. Une infirmière peut ainsi aujourd'hui directement prescrire la dose d'insuline nécessaire au traitement d'un diabétique, là où elle devait auparavant envoyer le patient chez le médecin pour établir cette prescription. « C'est donc un exercice beaucoup plus rapide et plus souple de notre profession, conforme aux compétences et connaissances académiques des infirmiers », explique Diego Ayuso, secrétaire général du Conseil général d’infirmerie (équivalent de l’Ordre infirmier).
Dans un pays très décentralisé, certaines régions sont plus avancées que d'autres dans l'élaboration de ces protocoles, comme dans la Communauté autonome d'Andalousie, dont les services de santé travaillent sur le sujet depuis 2009, et où les infirmières peuvent prescrire de manière concertée pour un millier de maladies. C'est sur ce modèle que seront élaborés l'ensemble des protocoles au niveau national d'ici deux ans, à la faveur du nouveau décret. « Le texte reconnaît finalement une pratique courante et met un terme à l'insécurité juridique qui pesait sur notre profession, note Nuria Cuxart, infirmière. Le cas des vaccins est le plus significatif, puisque nous avions d'un côté une autorité sanitaire qui nous interdisait de les prescrire, et de l'autre, des usagers qui nous menaçaient de porter plainte s'ils tombaient malades sans avoir été vaccinés. »
Francis Matéo