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La Caisse nationale de l’Assurance maladie et la ministre de la Santé ont lancé, le 6 novembre, la généralisation du dossier médical partagé (DMP) à l’ensemble des assurés du régime général. Objectif : 40 millions de DMP créés d’ici quatre ans. Les infirmières libérales seront mobilisées en ce sens.
Le coup d’envoi a été donné le 6 novembre, lors d’un point presse, à Paris. « Le DMP est emblématique de la stratégie de transformation du système de santé », a soutenu Agnès Buzyn, ministre de la Santé. Lancé il y a une douzaine d’années, cet outil n’avait jusqu’alors jamais rencontré un franc succès auprès des professionnels de santé et des patients. Pour preuve, seuls 500 000 DMP ont été créés sur cette période. La Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam) a ainsi récupéré, au détriment de l’Asip Santé, le déploiement du DMP en 2016. Résultat : après dix-huit mois d’expérimentation dans neuf départements, 1,8 million de DMP ont été ouverts.
Désormais, chacun peut ouvrir son carnet médical numérique, que ce soit seul en ligne, à l’accueil des caisses primaires ou avec l’aide d’un professionnel de santé. « Je compte sur les établissements de santé et les professionnels de santé pour son déploiement et le faire vivre au quotidien dans l’intérêt des patients et des professionnels de santé », a fait savoir Agnès Buzyn.
Gratuit et confidentiel, le DMP ne peut être ouvert qu’avec le consentement exprès du patient. La création peut donc être à l’initiative du patient lui-même, du médecin traitant, du pharmacien ou des agents des caisses primaires d’Assurance maladie (CPAM) via un logiciel métier compatible ou depuis le site www.dmp.fr. « Nous comptons aussi sur les infirmiers libéraux pour aider les patients qui ne sont pas mobiles ou en fracture numérique », a soutenu Nicolas Revel, directeur de la Cnam.
« En revanche, les logiciels ne sont pas forcément calibrés pour que les Idel puissent ouvrir et consulter les DMP, a rappelé Patrick Chamboredon, président du Conseil national de l’Ordre des infirmiers (ONI). Une évolution technologique est nécessaire pour que les infirmiers s’équipent. » Avant d’ajouter : « Cela relève des négociations conventionnelles que la Cnam doit reprendre avec les syndicats représentatifs des Idel de façon à envisager des modalités telles que celles proposées aux pharmaciens afin de permettre une montée en charge du nombre de DMP créés par les Idel. »
Conservé par un hébergeur de données de santé agréé (Santeos, filiale du groupe français Atos), le DMP peut être alimenté par les professionnels de santé de ville et hospitaliers, à l’aide de synthèses médicales, comptes rendus d’hospitalisation, résultats d’analyses, bilans divers… Le patient peut également y ajouter les documents qu’il juge pertinents. « Désormais, dès le lendemain de l’ouverture du DMP, l’outil sera enrichi de deux années d’historique médical du patient, communiqué par l’Assurance maladie », a indiqué Nicolas Revel.
Néanmoins, c’est au patient de décider quelles informations il souhaite faire apparaître, ainsi que des professionnels qui peuvent les consulter. Ceux habilités devront s’identifient avec leur carte professionnelle. Le patient est, quant à lui, averti dès qu’un document est ajouté à son DMP mais aussi dès qu’un professionnel se connecte pour la première fois à son dossier.
Ces informations partagées ont vocation à permettre une meilleure coordination et continuité des soins. Le DMP « doit améliorer la prise en charge des patients notamment ceux atteints de pathologies chroniques, les enfants et les personnes âgées, et donc décloisonner le système de santé ainsi qu’améliorer la qualité des soins », a soutenu Agnès Buzyn.
Laure Martin
POUR ALLER PLUS LOIN...
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